mardi, décembre 20, 2005
Chine et Allemagne
J’étais, en fin de semaine dernière invité chez Günter à manger. Günter est un ami allemand qui habite en France depuis des années. Puisqu’il est au chômage et qu’il est bien indemnisé (normalement il est cadre dans le tourisme) il est parti pendant trois semaines en Asie.
Il s’est d’abord arrêter chez son père en Thaïlande puis chez son frère à Shanghai.
J’étais donc tout excité à l’idée de le revoir.
En arrivant chez lui je tombe sur un truc kitch et inutile qui me fait hurler de rire.
C’est une statuette de chat qui bouge la patte gauche. Günter m’explique que c’est une sorte de moulin à prière qui est sensé apporter joie et fortune dans la demeure. On peut aussi agrafer des prières et des requêtes à la patte mobile.
Il ne faut absolument pas que la patte de l’animale arrête de bouger.
Nous commençons à parler de notre attirance pour tous les gadgets un peu étranges, un peu dorés ou lumineux en provenance d’Asie. Nous nous remémorons aussi nos rires et nos émerveillements provoqués par la décoration des restaurants chinois ou nous allons souvent.
Puis, en rentrant dans le salon, il me tend mon cadeau de Noël.
Quand j’ouvre la boite je tombe sur un chat tout aussi doré et kitsch que le sien. Je lui enfonce une pile sous les pieds et sa patte commence ses mouvements frénétiques.
Günter me dit : « Et maintenant tu va faire comment pour ramener le chat chez toi sans arrêter le mouvement de la patte ? »
….. Heureusement je suis un occidental sans peur et sans superstition. J’arrache la pile , le mouvement s’arrête et j’enferme le chat dans sa boite.
(Une fois chez moi la première chose que je fais c’est d’installer le chat dans mon salon. Nous vivons ensemble depuis quelques jours maintenant et il faut absolument que je lui trouve une autre place car je trouve qu’il vampirise tout le salon et que sa patte fait un bruit d’horloge hystérique. Quand je ferme les yeux j’ai l’impression d’être dans la salle à mangé de mes grands parents ou trônait sur la cheminée une grosse horloge baroque).
Quand nous passons à table il commence le récit de ses voyages. Il m’agace car il va trop vite et j’ai surtout l’impression qu’il ne dit pas tout, qu’il reste dans l’approximatif.
Je lui pose une multitude de questions et il répond patiemment. J’en veux encore, il me faut toutes les images et toutes les impressions.
Je ne sais pas si Günter voit que je suis comme un fou, que mes mains sont crispées sur la table mais je le sens étonné par ma soif d’info sur son périple asiatique. Je veux être celui qui a fait le voyage.
Quand il me montre la vingtaine de photos qu’il a prise j’essaye d’en retenir les couleurs et les formes. Il parle et j’écoute. J’ai l’impression de dire « raconte moi Shanghai » comme j’aurais pu hurler « baise moi » au mec le plus bandant de la terre.
J’ai regardé le dvd de Lola, une Femme Allemande de Fassbinder qui est le deuxième volet de sa trilogie consacrée à l’Allemagne. Ce film m’a étonné par l’overdose de couleur qui semble déformer et assombrir l’image. Je crois que c’est un des meilleurs exemples d’utilisation de la lumière pour obscurcir ou cacher au cinéma.
Le film date de 1981 mais ce passe à la fin des années cinquante dans une petite ville. Les luttes entre les architectes, les mairies et les entrepreneurs pour la reconstruction d’après guerre servent de prétexte pour rencontrer une série de personnage déchus.
Ce film c’est un peu L’Ange Bleu après une marée noire de désirs et d’humiliation.J’aime de plus en plus Fassbinder : son écriture (cinématographique ou littéraire) nous apparaît à la limite de la simplicité mais cache des trésors.
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