lundi, mai 23, 2005

Les moches et les solitaires

UN

Doit-il croquer ?
Doit-il prendre une bouché ?
Non ! Surtout pas !
Il n’est pas la pour commander à manger. Il est venu en urgence et maintenant il essaye de faire descendre les bulles d’un Perrier.
L’ogre est dans un bar-pmu-tabac, dans l’arrière pays, à PZ.
L’ogre est entré comme une furie car il lui fallait des toilettes.
L’estomac s’est retourné.

Des toilettes (turc) et donc un perrier. L’ogre est accoudé tout seul à une petite table ronde tout à coté du comptoir ou la dame vend des cigarettes.

Contemplation.
Contemplation après vingt minutes d’urgence et d’angoisse.
L’Ogre marche très vite dans la rue.
Sueur sur le corps.
C’est dimanche et l’ogre demande son chemin.
L’ogre demande ou il peut trouver un café ouvert.
Il n’écoute pas les réponses.
Son corps d’urgence le rend sourd. Il n’y a plus que son corps d’urgence !
La vue se brouille aussi.
Cette putain de ville est circulaire !!!

DEUX

Maintenant c’est repos et contemplation. L’ogre a enroulé sa main autour de la bouteille de Perrier. C’est un tic. L’ogre fait toujours ça : il aime bien la forme de la bouteille et il déteste quand le garçon de café lui amène le Perrier dans une canette.
OK pour la contemplation mais il n’arrive pas a regarder la vendeuse de tabac. L’ogre baisse les yeux quand il croise des personnes impressionnantes.

Ils ont tous l’air perdu entre le mobilier usé et les vitres sales couvertes d’autocollants. L’ogre a l’impression d’être dans une série télévisée française de la fin des années soixante dix. Un long imperméable, une R5 beige… Il ne manque plus que ça.

La serveuse est belle mais fatiguée.
La vendeuse de clopes est entrain de gueuler.
… et il y a un homme tout vieux qui, une clope au bec, passe un balai pour réunir tout les mégots éparpillés sur le sol.
Il n’y a JAMAIS de cendrier dans ce genre d’endroit.
Il y aussi des dizaines de papiers froissés.

Et l’ogre sait qu’il est un ogre car il se sent différent. Ce n’est même pas de la misanthropie. Il n’arrive pas à regarder avec humour cette réunion de paumés.
Dédain ?
Supériorité ?
- Ta gueule.

C’est dimanche. L’après-midi vient juste de commencer, tout les moches et tous les solitaires se sont donnés rendez-vous ici. Ils ne peuvent plus rester chez eux car leur vie manquée est un gros bloc de granite qui grandi chaque jour. Il a déjà envahit la chambre à couchée. Il s’attaque maintenant au salon.

Aucun commentaire: