lundi, juillet 31, 2006

avigon 06 ( acte troisième et dernier)

Avignon meurt petit à petit.
Les rues sont moins bondées et surtout le festivalier n’est plus une créature enragée. Je me suis pas réveillé ce matin je suis donc arrivé dans la ville sur le coup des une heure de l’après-midi bousillant donc ma chance de faire un crochet par Arles pour jeter un œil à l’expo de la Fondation Van Gogh qui présente au public des gravures ( Picasso, doré, Goya) ayant comme sujet les taureaux et les minotaures.

Avignon meurt petit à petit, il y a même de la place pour se garer. J’entends une dame dire : « Plus que deux jours pleins avant le 27. »
Nous savons déjà tout, le début comme la fin. Nous connaissons déjà les pièces du off qui ont fait le plein et celles qui se sont vautrés lamentablement. Nous savons aussi la qualité du in mais son manque d’éclat et de dispute.
Nous savons déjà tout ça et la ville est fatiguée alors pourquoi suis-je revenu pour la troisième fois ?
Sans doute parce que je voulais finir le festival en beauté avec deux spectacles du in don le dernier dans la cour d’honneur où je n’avais pas mis les pieds depuis 1997 et le Visage D’Orphée d’Olivier Py.
J’ai donc assisté dans la très vilaine salle Benoît XII au très étrange Chaise d’Edward Bond. La mise en scène d’Alain Françon m’as un peu fait peur au début à cause de sa légèreté (apparente) et du jeu des acteurs un poil bizarre… mais le tout tenait bien la route et était dans la ligné des bons spectacles ayant comme structure le Théâtre Nationa l de la Colline.
Edward Bond nous montre toujours le plus mauvais de notre société et on ressort rempli de terreur mais sans espoir dans le soleil d’une après-midi Vauclusienne. Chaise est une piéce courte don Si ce n’est toi, une autre pièce programmée dans le in, est le miroir. Elles se situent toutes deux en 2077 dans un monde ultra répressif.
Je n’étais pas un grand fan de Bond… il se peut bien que cela change.

J’ai erré ensuite dans la rue des teinturiers pour dirigé le spectacle puis je me suis rendu à la Maison Jean Vilar ou j’ai survolé quelques photos prisent par Nadj (artiste associé à la programmation) que j’ai trouvé sans intérêt. Au premier étage je me suis attardé dans une sorte d’installation visuel et sonore ( et surtout fraîche !) qui retracé les soixante ans d’Avignon. J’ai réalisé tout au long du parcours que ce Festival a été un des plus grand choc de ma vie et que chaque année il faut que je vienne pour une piqûre de rappel. Je me suis aussi aperçu du temps qui passait depuis mes premières éditions, de ma condition) de spectateur et de mes essais (avortés) dans le OFF et (burlesques !) dans la rue.

Magie de l’écriture :

Contrairement à mon habitude je n’ai aucun stylo sur moi. Je me dirige vers une papeterie pour en acheter un quand je trouve par terre un crayon noir couronné d’une gomme ronde et très blanche. Je ramasse en me disant que même si ce n’est pas un feutre noir de chez Paper Mate ou un V signpen de chez Pilote il suffira pour mettre un peu au clair les quelques idées qui tournent dans ma tête.
En remontant des bords du Rhône je passe devant le bar glacier qui fait l’angle de la rue st Agricol et la rue Fusterie. C’est dans cet endroit au décor « chromé –année 80 » que j’ai jeté, il y a un peu moins de dix ans c qui allait être ma première pièce entièrement écrite et achevée.
( deux ans après j’ai offert ( contre les frais entraînés par le dépôt du manuscrit à la sacd ) tout les droits de la pièce à une amie qui à longtemps chercher à monter la chose et don je n’ai plus de nouvelles depuis des années…. J’ai toujours été gentil…limite con !)
Je m’enfonce dans les rues à gauche de la Place de l’horloge pour déboucher sur la place des Corps Saints ou je m’affale à une terrasse. Je prends le crayon trouvé et je commence à écrire de petits bouts de dialogues, des plans et des cartes d’identités de personnages encore tout désosser.
C’est a ce moment là qu’Olivier Py décide de se planter à deux mètres de ma table. Il attendra pendant une dizaine de minutes des amis et il iras s’assoire avec eux à la terrasse voisine. En attendant nos regards se croisent et….j’essayes de ne pas trop bloquer….C’est dur… Je replonge régulièrement mon nez dans mon calepin mais j’ai du mal à me concentrer. Je m’aperçois que j’ai beaucoup de chose à lui dire,
beaucoup plus encore que l’année dernière.

J’ai envie de lui dire que son théâtre m’as sauvé la vie. Mais ce genre de déclaration je les garde pour moi car elles sont extrêmement violentes et peuvent être choquantes ou terriblement risibles pour ceux a qui elles sont adressées.
La cour d’honneur :

La nuit tombe et moi je grimpe dans le cœur de la structure métallique des gradins de la Cour d’Honneur du Palais des Papes. Les tubes métalliques se croisent et la structure semble tenir. Les gradins ont changés depuis 1997.
Le nombre de spectateur a été réduit ce qui a permis d’enlever les quelques rangées de sièges qui allaient se perdre dans le ciel et d’ou l’on avait du mal à se concentrer sur ce qui se passait sur scène.
Je me souviens d’avoir regardé le profil éclairé de Villeneuve lès Avignon par dessus le mur du Palais des Papes car, fauché comme les blés, j’avais pris une place en dernière catégorie, en haut du haut des gradins.

La Cour d’Honneur est un endroit mythique pour le théâtre alors que rien ne s’y prête, alors que c’est le dernier endroit ou un homme censé viendrait créer un spectacle.
Acoustique nulle, incohérence du rapport longueur/largeur de la scène, immensité et hauteur étrange de l’ensemble et… confort relatif pour le spectateur ….ont souvent transformés cette scène mythique en enfer pour metteur en scène.
De grands nom du théâtre se sont perdus dans cet espace immense en nous pondant des spectacles navrants.
Les Barbares
Adaptation d’après Maxime Gorki
Par Eric Lacascade

Je ne connais pas vraiment le travail d’Eric Lacascade. C’est la première fois que j’assiste a un de ses spectacle. Après une ouverture très rigolote et surtout très intelligente j’ai eu du mal a me concentrer les vingt première minutes car j’essayais de me retrouver la structure de la pièce original de Maxime Gorki.
Et puis je suis aspiré par l’efficacité totale de ce qui se passe sur scène… Jeu d’acteur, mise en scène, et réécriture du texte tout est convaincant. J’ai vraiment l’impression d’entendre un texte écrit pour le publique.

Les Barbares… personne ne sera si ce sont les ingénieurs qui viennent dans cette ville paumée ou alors les locaux momifiés qui y vivent.
Je vois sur scène des êtres qui sont perdus des le début du spectacle et qui parlent par à coup, qui n’ont même plus l’espoir né des mots, espoir que l’on retrouve beaucoup dans la littérature et le théâtre russe du dix-neuvième siècle.
Chez Tchekhov les personnages n’ont que le mot pour s’exciter, exister et se mentir. Les mots c’est déjà beaucoup, cela permet de tenir pendant quelques temps, le temps que l’auteur amène ses personnages à la guillotine.
Alors que chez Gorki/Lacascade ils n’ont même pas ça, ils sont sans espoir, sans poésie. Ce n’est pas pour rien qu’en russe Gorki signifie « amère ».

Les Barbares est surtout une pièce de femme.
Elles sont beaucoup moins nombreuses que les hommes sur scène mais elles sont terrible et complexe. Je trouve que Lacascade les utilise brillamment dans les rouages du spectacle.
J’ai eu l’impression d’une avancée, d’un mouvement à chaque entrée sur scène d’un personnage féminin. L’entrée de la petite Katia est proche du scène onirique mais « explique » parfaitement le personnage.
Je ne comprends pas vraiment le choix d'une photos d'hommes ( prises pendant les répétitions) pour illustrer le texte de Lacascade édité chez Les Solitaires Intempéstifs.


quelques clichés d'Avignon:







dimanche, juillet 30, 2006

esthétique du bras mort et de l'incendie





Deux jours la campagne.

L’Ogre remonte la rivière avec des amis, ils arrivent (triomphalement) dans le village par dessous le pont médiéval et longent les maisons-remparts qui trempent dans l’eau avant de ressortir au niveau de l’endroit ou les villageois ont aménagés un semblant de plage.

Depuis combien de temps l’Ogre n’avait-il pas fait cette balade ?
L’Ogre marche dans le lit de l’Orbieu et plus rarement il nage. Le cour d’eau est presque a sec sauf à certains endroits ou les trous d’eau sont noirs, profonds et froids. Les cailloux roulent sous les pieds, les chaussures se remplissent de gravillon.

Les poissons sont surpris.
Les barbots*nous évitent en dessinant de grands arc de cercle pour se réfugiés sous la végétation qui déborde de la rive.

L’ogre aime bien l’esthétique des bras morts, ces endroits ou la rivière semble se terminer dans la vase et les branchages. L’eau, qui d’habitude est conquérante, se retrouve d’abord désorientée, puis prisonnière de la terre et des cailloux qui l’étouffent peu à peu.

Hier c’était le retour.
L’ogre reste un temps allongé sur son matelas avant de partir au boulot. Comme un ado il voudrais juste mourir. Il voudrait surtout ne pas avoir vécu la campagne et Avignon pour ne pas y repenser plus tard et regretter ses jours là.

L’Ogre est un bras mort, un barbot*vautré, le bide à l’air sur un gros cailloux d’ou l’eau se retire au fur et à mesure de l’été.
Comment envisager de travailler ces quatre prochaines nuits et les deux jours qui vont les suivre après tant de tranquillité.

L’Ogre reste allongé, d’abord les yeux dans l’oreiller puis, après des efforts surhumains, son regard se perd dans le blanc du plafond.
Il veut quitter son boulot crade et partir sur la route, traverser l’Espagne à pied pour rejoindre le Maroc et se perdre dans le désert.
L’ogre hésite entre pleurer et mater une ou deux scène d’un des films porno stockés sur son ordi.

Et Puis ça passe et il s’habille pour aller taffer.

* barbot est le nom donné dans la région à la carpe.



Le premier jour de campagne, dans la plaine ( ou plutôt dans une partie un peu moins ondulée du canton ) un incendie s’est déclaré. Toute l’après-midi les canadairs sont passés pas très loin au dessus de nos têtes et, plus le temps passait, les autres unités du département sont arrivées à toute berzingue.

Sur le bord de la départementale les camions rouges, les voitures des locaux et les camping-cars des touristes s’emmêlent et se gênent.

(malheureuse) esthétique de l’incendie :


lundi, juillet 24, 2006

avigon 06 ( acte Deuxième)

Pour des raisons financières je ne voulais pas aller à Avignon cette année mais finalement la ville m’accueillera trois fois. Mardi dernier j’ai donc retraversé le Gard mais cette fois ci dans la grosse voiture climatisée de Günter.
Nous tournons juste après la préfecture pour garer la voiture, Rue des Sources, ou un mai de Günter habite. C’est aussi la rue des nouveaux locaux du Cage, la boite homo d’Avignon.

Il est très tôt….10H30. J’ai travaillé jusqu'à 4h30 et Günter ne m’as pas laissé finir ma nuit dans la voiture. Nous sommes venu si tôt car, après moult discussions à Ogreville, nous avons finis par réserver deux places pour aller voir Guantanamour au théâtre du Chêne Noir.

Guantanamour est une sorte de miracle théâtrale. Ecrit très vite par Gérard Gelas en 2002 ce spectacle à bien tourné en France et a eu les honneurs du festival off d’Avignon pendant trois ans. Le miracle tient aussi du fait que ce spectacle a eu une bonne critique dans le Canard Enchaîné….Chose rare !
La scène est centrale et représente une cage-prison faites de grillages et couronnée de barbelés. Des sons enregistrés de voix et de chaînes rythment les changements de scènes. Pendant tout le spectacle deux hommes, un GI et un prisonnier suspecté d’être lié à Al
Quaida.
Les deux hommes, après de nombreux conflits, se rejoignent enfin.
Bon… la structure du spectacle est basique et le cheminement des personnages un peu bateau mais on ne s’ennuie pas une seconde et les acteurs se débrouillent bien dans un texte qui ne doit pas être évident à jouer. Le prisonnier ( enchaîné et souvent allongé) semble un être lombric toujours à deux doigts de se faire dévorer par un G.I nerveux don les mouvements saccadés m’ont rappelé la poule !!!
Les moins du spectacle ? La voix du GI qui ressemble à celle de Stalone/Commandant Sylvestre dans les Guignols de l’Info. Les voix des comédiens soutenues par un léger système audio.

Dans la rue de la République je plonge d’un coup « dans » Günter car j’aperçois Laurent H. de Sète à deux mètres de nous. La température de mon corps baisse subitement. Ce gars, comme toujours a l’air dans un ailleurs de violence et sa marche est rapide. Il passe apparemment sans me voir….Que fait-il ici ? Je sais qu’il n’habite plus a Sète et que ses parents, à une époque habitaient Orange…. Enfin…. J’ai plus de chance de le croiser à Avignon que dans la pampa d’Argentine…. Jusqu’au soir je n’ai pas arrêter de me retourner ou d’avoir l’impression de le voir.
Ce garçon est un de mes pire cauchemar, un de ceux don j’ai eu le plus de mal à me débarrasser et qui, dans une période ou j’étais pas très bien dans ma peau, m’as bien foutu de la merde dans le cerveau.

Promenade au bord du Rhône puis, après avoir gravi toutes les marches de béton à l’intérieur des remparts et de la roche proche du pont nous avons un peu errer dans les jardins de Notre Dame des Doms ou nous nous sommes échoués comme les avignonnais de souches et les touristes sur les bords des fontaines et dans l’herbes jaunies des pelouses.
Il y a d’ailleurs, entre le Rhône et la muraille collée au pont Saint-Benézet, perdue au milieu d’une pelouse au vert surnaturel, une statue avec bien peu de charme….. Si quelqu’un a des infos ?

Je montre à Günter le mur de verdure accroché aux halles. Je n’y reviens pas ici. C’est un des mini scandales financier de la ville. Je crois en avoir parlé en janvier lors de mon voyage à Paris. La chaleur a un peu abîmée le dessin floral. Je pense au mur de verdure sauvage du musée du quai Branly que j’ai vu en photo….. aucune comparaison possible.

Je laisse Günter rejoindre un ami à lui et je traîne dans la ville comme quand j’avais 18,19, 20,21 ans….. 31 ans. Je regarde tout en espérant me souvenir de pas mal de choses.
Je suis déçu par la place Crillon que je trouvais très harmonieuse et ou j’avais vu un petit cirque sans chapiteau, magique et délicat comme le sont parfois les spectacles de rues quand la nuit arrive. J’ai l’impression que les terrasses de nouveaux cafés ont envahies l’endroit.

Je mange un bout de pain et des tomates dans la poussière en face de la ( nouvelle) grande roue qui ne tourne pas a vide mais presque. C’est hypnotique. Je peux rester devant ce genre d’installation pendant des heures.
J’aime les roues et autres systèmes de poulies.
J’arrive presque en retard pour un spectacle sur Frida Kahlo assez décevant.

Retour dans la nuit après un tour de moto ( avec le pote de Günter) dans un Avignon extra-muros fantasmagorique.
Dans la voiture, entre Nimes et Ogreville c’est Abba à fond.
Ca fait du bien….

Retour à Avignon le 25

Si le festival d’Avigon vous intéresse voici le blog d’une avignonnaise qui fait ses devoirs de festivalière un peu plus sérieusement que moi.

dimanche, juillet 23, 2006

avigon 06 ( acte premier)

un samedi dans la fournaise d’avignon. L’Ogre a mit plus de temps pour sortir d’Ogreville que pour faire le trajet jusqu’a Avignon. L’Ogre a une chance de cocu, il trouve une place direct à l’ombre, dans une zone oubliée des parcmètres.


Avignon comme un pèlerinage depuis 91/92. Avoir l’impression de reconnaître des festivaliers dans la rue. L’ogre s’amuse à classer les festivaliers dans trois ou quatre sous groupes. Devoir aussi dire bonjour ( ou du moins sourire) les quelques fois ou il croise tel ou tel membres de telle ou telle compagnie régionale.


Etre avalé par Avignon. Ce n’ est pas le festival de la ville mais le festival, chose vivante, qui a kidnappé une ville. Etre surpris chaque année malgré les mêmes artifices, la même agressivité de l’affichage, des parades, des cris et de la musique des rues.


A son arrivée l’Ogre passe par l’office du tourisme ( les deux programmes du Off ) et au Cloître Saint Louis ( maison du In). Il repart dans les rue d’Avignon avec dix kilos de papier. Après une promenade colorée il s’affale pour éplucher les programmes. Il arrêtes vite se disant que Les Carnados trouveront bien un truc a voir.


L’Ogre, rue de la République, rentre dans le musée lapidaire. L’ogre passerait sa vie dans les musées lapidaire de France……


Mec sans age. Très beau et tête bizarre….. une rondeur presque parfaite (nez, bouche, yeux, crane).L’Ogre le croise près des chiottes collés au théâtre municipale. Le mec n’a pas un seul regard, pas un seul sourire ou tressaillement alors que l’ogre essayes de s’ouvrir un maximum. That’s life.


Retour au Cloitre Saint Louis. Tout y est calme. J’attends les Canardos. Le temps qu’ils arrivent l’endroit est rempli par une conférence bruyante, élitiste et sentencieuse. De loin l’Ogre reconnaît Goopil, un des Canardos, qui est plus que grand et qui porte un t-shirt orange.

Ca fait pile un an que L’ogre ne les a pas vu. Ils s’étaient croisés lors du dernier festival près du glacier du bas de la place de l’Horloge. L’Ogre et l’Arlequin avaient le nez dans de grosses glaces dégoulinantes.


Feuilletage de programme, ricanement au noms de certaines compagnies ou titres de certaines pièces…. Qui est pour ? Qui est contre ? Oui____Non. Pourquoi pas ?


L’affrontement est une pièce de 1981 écrite par l’américain Bill C. Davis. Je crois que le titre anglais est « Mass appeal » et qu’il y a eu une version pour le cinéma ai milieu des années 90. L’adaptation française est de Yann Pia. L’Ogre se demande bien ce qu’il y a adapter. C’est typiquement du théâtre américain des années 80 avec tout ce qu’on fait encore et tout ce qu’on ne fait heureusement plus ( je vous rappelle que l’ogre est le chef de la police du bon goût du théâtre mondial).
Dans la pièce le Révérant Farley , vieux prêtre alcoolique de la très vielle église catholique apostolique et romaine est très aimé de ses paroissiens car il réponds à leurs attentes et fait tout pour les caresser dans le sens du poil. Arrive un élève séminariste, Dolson, qui fout un peu la pagaille dans la tête du vieux en mettant sur le tapis les idées libérales de la nouvelle église ( homosexualité & mariage des prêtres) mais surtout de nouvelles manières de questionner la foi.
Le décor est très ( trop) réaliste ( version kitch) façon série américaine, la piéce est très (trop ?) écrite et très ( trop ?) didactique. Le jeu des acteurs est bon et propre…. C’est à dire que c’est très télévisuelle. L’ogre trouve qu’on ne devrait pas jouer à la télé et au théatre pareil mais vu que la pièce est américaine c’est très dur de faire autrement vu leur culture. Il n’y a que Tony Kushner ( Angels in america) qui a réussit à imposer une écriture personnelle et bien loin du monde américain de la télé.
Pour l’Ogre les deux visions de l’église s’affrontent mais de façon très retenue. La seule vrai intelligence de la pièce c’est de conforter, au début, le spectateur (moderne et athée) dans sa vision un poil monolithique de l’église traditionaliste , pour après le montrer que les choses sont moins simples qu’il n’y paraît, que même sans les prêtres « révolutionnaires » la vielle église est toujours en débats ( même si ce n’est pas les bons).
L’ogre ( monstre d’athéisme) est toujours surpris de voir que les questionnements religieux rejoignent presque toujours les doutes et les débats des mécréants).
Bon moment tout de même et bon casting ( le bon casting est un don, un mystère, une alchimies entre acteurs… en sommes un truc quasi religieux !)
La même compagnie joue, forcement dans un autre créneau horaire, Comédie sur un quai de gare ( et non sur un quai du Gard AH AH ! ( c’est le petit matin L’ogre a parfois des éruptions de débilités profondes….)) de Samuel Benchetrit . Peut-être que l’ogre iras voir…

Avant d’entrer dans la salle les spectateurs sont parqués dans une sorte de couloir qui devrait favoriser les courants d’airs mais, le ciel et les éléments étant dramatiquement immobiles tout le monde étouffe. D’un coup un vent, d’abord tiède puis froid, s’engouffre dans le théâtre et les spectateurs observent, sur leurs gauche, la clarté d’un petit jardin s’assombrir par paliers.
L’orage éclate pendant l’Affrontement. Tonnerre, bruits de la pluie sur le toi… L’ogre adore…. Même pendant une représentation. Cela va rafraîchir la ville mais quelques heures plus tard, les pierres de la ville et la terre des jardins et des berges du Rhône vont vomir toute la pluie reçue sous la forme d’une humidité tropicale qui attaque d’abord les jambes pour ensuite plaquer les t-shirts sur les bourrelets de nos torses déjà ruisselants( ouf, fin de la phrase)


Après la pièce et après la pharmacie, Les Canardos et l’Ogre squattent une petite terrasse pour se restaurer un bout. Le serveur a une tête de niai et il aime éclater les verres entre la table et les genoux des clients.

L’ogre est un amoureux de Copi. L’écriture est follement désespérée et les thèmes sont obsessionnelle et obscène.
L’ogre est autant en admiration devant le baroque d’Eva Peron ou des Marches du Sacré Cœur que devant les irruptions verbales et angoissantes des tours de la Défense ou des Quatre jumelles.
Frustré de n’avoir pas eu de place pour les Copie ( qui veut dire poulet en argentin) du In, l’ogre a entraîné les Canardos pour aller voir l ‘homosexuel ou la difficulté de s’exprimer dans le off. Vu le nombre des partenaires artistiques et financiers de la pièce l’ogre a cru aller voir un bon spectacle.


Mais bon…. Actrices ( trop jeunes) et au talent inégale. Il est dur de se concentré sur une pièce quand l’une des comédiennes prends toute la place ( outstages en anglais) et écrase les autres.
Soit il faut que des nuls ou que des bons. Le fait qu’elles soient jeunes ont donner l’impression à l’Ogre qu’elles jouaient à jouer du Copi. Le joyeux bordel et l’exubérance des scènes ne laissaient pas au spectateur la possibilité d’entrevoir les enjeux sordides et les vies désespérées que veut nous faire partager l’auteur. Pendant toute la pièce l’ogre a eu du mal à voir la souffrance du pédé, la gravités des enjeux autour de sa personne et sa lente agonie. L’agonie, dans cette mise en scène, est brutale, dans une scène finale plutôt bien réussi.
Les plus du spectacle ? La mine dubitative de Chris et celle mi ennuyée, mi en colère de Goopil.

· Bon il est tard ….Au revoirs près de la gare ou les feux pour piétons parlent et font de la musique.


Comédie sur un quai de gare de Samuel Benchetrit, Julliard
Les Quatre jumelles, Loretta Strong de COPI, Éditions Christian Bourgois
La Tour de la Défense, La Pyramide de Copi,Éditions Christian Bourgois
Eva Perón, de Copi Éditions Christian Bourgois

L'Homosexuel ou La difficulté de s'exprimer de Copi Éditions Christian Bourgois
Les Escaliers du Sacré-Cœur Théâtre 2 [Contient : La Pyramide — Le Frigo — Les Escaliers du Sacré — La Nuit de Madame Lucienne].de Copi. Editeur U.G.E.
L’affrontement « Mass appeal » de Bill C. Davis. Aucune info
Angels in Amerca de Tony Kushner chez TCG pour la version originale et l’Avant Scène pour la version française sans oublier la bonne série chez HBO.

Voici un petit exercice de « blog crossing » sans deuxième blog puisqu’il s’agit d’un texte écrit par les Canardos (qui n’ont pas de page perso ni de journal intime électronique) sur notre journée commune.

Les Canardos et L’Ogre se voient occasionnellement ce qui rend leurs rencontres d’autant plus précieuses. La dernière date du 17 juin 2005 au détour d’une rue d’Avignon en pleine période de festival.
En cette année 2006 l’envie de se faire un spectacle ensemble pendant le festival s’est manifestée et nous avons pris date pour le 15 juillet soit presqu’un an jour pour jour depuis notre dernière rencontre…

Le Dieu Key d’Avignon s’est montré hostile à vouloir nous trouver des places pour le IN car malgré nos appels répétés, aucun spectacle n’était disponible ! Tampix, nous trouverons bien de quoi nous rassasier dans le OFF.

C’est un samedi donc, et les Canardos sont à la bourre comme d’hab. Rendez-vous est pris au cloître Saint-Louis. L’Ogre nous attend, il est mimi et happy comme tout ; on dirait qu’il a rapporté la mer d’Ogreville dans ses yeux tellement ils brillent.

Nous réservons 2 spectacles puis nous entamons une déambulation à travers les rues. Il fait chaud voire très chaud. Cette ville est un four. Si le théâtre ne fait plus recette dans les années à venir, la ville pourra toujours organiser un festival de la brioche ou de tout autre viennoiserie car les remparts nous renvoient cette chaleur insupportable.

Nous faisons une halte au tutti-frutti, passage obligé pour les canardos quand ils viennent au festival. C’est une baraque où l’on vend des cocktails de fruits et légumes pressés tenue par un jeune vieux gay avenant, qualité non négligeable pour un commerçant. Il emploie toujours de jeunes éphèbes qui ruissellent de sueur tellement la baraque est petite, mais c’est pas grave ; on se sent bien accueillis et les cocktails sont bons. Pas le temps de trop discuter cette année, juste assez pour vérifier que tout est toujours en place.

Nous trouvons le 1er lieu : il s’agit du Théâtre de L’Alizé ; nom qui rappelle notre Corse oubliée, qui a + de 20 ans maintenant et qui a percé le mystère des courgettes sous la couette depuis longtemps !

La pièce s’appelle L’Affrontement de Bill C. Davis et elle est mise en scène par Sébastien Bernard qui joue en compagnie d’un acteur âgé qui ressemble à un vieil acteur américain sortant de la Petite maison dans la prairie ; ça tombe bien ça se passe aux States.

Il s’agit donc de la confrontation entre un prêtre qui a roulé sa bosse depuis plus de 40 ans, alcoolique sur les bords et un jeune séminariste qui voudrait révolutionner l’Eglise en ce qui concerne le droit de prêtrise pour les femmes et la reconnaissance de l’Homosexualité comme une forme d’amour. Joli programme donc. Le jeu est correct mais pas transcendant et on se laisse embarquer par ce duo même s’il y a des relents de bons sentiments et de morale US, agaçant forcément.
Mais on pardonne les faiblesses car Sébastien Bernard est jeune et assez séduisant, il ressemble à Marc Lévy. L’Ogre lui, le compare à Michael Youn, nettement moins glamour je trouve ! Nous sommes assez contents de ce 1er spectacle pour une impro de dernière minute c’est pas mal. Les spectateurs ont l’air aussi séduits ; il faut dire que ce sont soit des jeunes vieux gays, soit des couples de vieux ! (pour la plupart) Voire les 2 !

Il a plu pendant la pièce et il fait bon maintenant, les rues ne sont plus étouffantes. Des gouttelettes nous caressent, c’est même agréable.
Nous trouvons un petit coin pour manger et discuter un peu. Ce qui est bien avec l’Ogre c’est que c’est un peu comme si on s’était quittés la veille et qu’on peut parler de tout, que ce soit sérieux ou franchement superficiel ! Moment agréable et finalement assez court.

Nous voici en route pour le second spectacle au Gilgamesh Théâtre. Nous sommes accueillis par un jeune brun bouclé au look d’apôtre de Jésus, a priori gay donc ou juif…
La pièce s’intitule L’Homosexuel ou la difficulté de s’exprimer de Copi. Nous ne sommes pas familiers de l’auteur mais apparemment la chose troublante de la pièce est que ce sont des actrices sur scène alors que ce sont des hommes d’habitude.
La pièce commence et il nous faut à peu près 2 secondes pour comprendre que nous avons atterri dans un univers complètement irrationnel perdu au milieu des steppes de Sibérie. C’est difficile de trouver des qualificatifs car le jeu est volontairement marqué (« Madame Simpzzzzzzzôn ») et l’on pousse des fous rires presque involontairement mais c’est beyond our control comme dirait l’autre. Rires et trash sont mélangés ; un baiser fougueux va se conclure par un tirage de langue assez étonnant (mais comment ont-elles fait en répét ???) ; la vodka locale est du produit lave-vitres et l’on fait caca des fœtus, brrr.
Au final et après réflexion, ce fut un bon cocktail : sérieux pour commencer et déjanté pour conclure.
Nous n’avons pas vu les pièces du siècle mais nous avons passé un bon moment c’est l’essentiel.
Un dernier mot sur les prix qui ne cessent de s’envoler c’est carrément dommage ; maintenant il faut débourser 15 euros dans le off, ça commence à faire cher… surtout quand on voit certains spectacles proposés.

Rendez-vous pris pour l’année prochaine !
Ah non il faudra trouver de nouveaux créneaux !!
A quand le festival de la brioche à Ogreville ?
Les Canardos

noticias de los cuerpos enfermos


Günter va mal.
Il s’avère qu’il n’a pas été contaminé au moi de septembre mais plutôt vers Janvier. Il me dit que ça n’as pas d’importance mais je vois bien qu’il est dans une sorte d’égarement, il n’as rien fait d’unsafe en début d’année mais son conard de mec lui a bien menti à la rentrée dernière.

Depuis 1996 on arrête pas de répéter à qui veut l’entendre que les nouvelles thérapies font des miracles, qu’il faut attendre des années avant de prendre une médication lourde mais voilà, la toubib n’est pas à l’aise, elle bafouille, elle propose une autre série de tests car ceux qu’elle a sous les yeux ne peuvent pas être bon….

Mais si madame la toubib vos tests sont justes, Günter doit commencer une thérapie très lourde avec des médocs tout nouveaux, tout beaux car son corps est, en six mois a peine, au bord de la banqueroute. Günter est, pour le service des maladies infectieuses et tropicales, une énigme, une exception.
L’ogre ne sait pas si c’est Günter qui se fait des films mais le traitement qu’il commence lundi semble très dur et très handicapant. Günter se pose pleins de questions sur sa recherche d’emploi ( son chômage très confortable se termine au moi d’octobre) et sur ses loisirs.
Alors forcement ça fait relativiser l’Ogre et ses problèmes de poids et de thunes.


Le cousin de l’ogre a depuis quelques années une étrange maladie. A quarante ans il s’est remis à grandir et il a pris une taille de chaussure, deux de gants et une de tour de tête. Ce sont les secrétions hormonales de hypothalamus qui se sont remis à fonctionner.
Après deux ans d’un traitement par injections coûteux et inutile il a donc été opéré le dix juillet. L’opération consistait a aller trifouiller à la base du cerveau…
Le réveil fut dur et le cousin n’arrête pas de tomber dans les pommes et de dire des choses incongrues. Pour les choses incongrues c’est apparemment normal et temporaire par contre tout les toubibs se posent des questions sur les évanouissement. Ils espèrent que c’est une épilepsie ( traitement simple mais quasi a vie ?!) et pas autre choses.

vendredi, juillet 21, 2006

Noticias de una estrella vespertina

C’était aussi un vendredi.
C’était il y a six ans.
Six ans sans Toi.

Aucune morosité aujourd’hui.
A 19H10 je venais de sortir de la douche et cherchais hystériquement un sous-vêtement avant de partir travailler.

Les premières années après ta mort je passais les vingt et un juillet cloîtré chez moi avec de grosses piques d’angoisse au fur et à mesure qu’on se rapprochait des 19H10.
Le quotidien , le temps m’ont donc éloignés de Toi.

Peut-être que c'est mieux.

s'éteindre (texte)

Pourquoi pas en psychiatrie

Totalement autre
Nababs blancs
Veines insondables
Les thérapies sont interminables
Un jour il trouvera le sens de la route.
Les soins légers. Puits de rien.

Chemins de corps
Fragile & fluide

lundi, juillet 17, 2006

petite semaine de juillet

Dimanche 9 :


Journée de merde au boulot.

Lundi 10 :


Dernier jour de remplacement à la cafétéria plus mon habituel job de nuit. Tout le monde gueule contre la chaleur étouffante des appartements… Je ne suis jamais chez moi.

Mardi 11 :


Je travail au beau milieu de l’après-midi. Je n’en ai plus l’habitude. Je ne suis pas dans mon assiette et infiniment triste sans raison. Il ne vaut mieux pas que je ferme les yeux.

Mercredi 12 :


J’arrive tôt chez ma mère et je dors un peu. Je bosse sur un texte dans la fraîcheur de la cuisine aux volets fermés. A dix-huit heure je prends la voiture sur la route goudronnée, puis sur le chemin de terre et enfin j’arrive à la rivière : mini cascade, trou d’eau, barbots stoïques/visqueux. Un peu plus loin la rivière n’est plus qu’une flaque de vase verte.

Jeudi 13 :


au bord de la rivière, à coté du barrage je cueille une dizaine de cagettes de figues pour le compte d’une amie de môman . En contrepartie je repars avec une cagette. Assis sur un mur de pierres chaude je mange des figues en m’en foutant partout. Tableau bucolique.
Après-midi Carcassonnaise avec S et G le Terrible.

Vendredi 14 :


Ecrasé de chaleur je me tape une heure de ménage chez moi suivie de deux heures au boulot. Il n’y avait plus de javel au boulot. Vas trouver de la javel un quatorze juillet……

Sam 15 :

Je reviens d’Avignon peu avant minuit. Juste devant moi roule un van avec l’inscription « taureaux » écrit à l’arrière en lettre gothiques noires. Le van mets son clignotant et part sur la droite pour rejoindre une aire d’autoroute. Pendant que le conducteur va pisser je m’approche du véhicule et écoute les taureaux impatients et apeurés. Pourquoi est-ce que j’aime a ce point ces animaux ? Pourquoi ne suis pas né en Crète minoenne… être né il y à très très longtemps ?

Dimanche 16 :


Paperasses___montages vidéos______ mises en pages de dossiers___________transferts dvd. Quel beau dimanche !

Résumé de la semaine :

J’ai couché avec toi dimanche dernier et je n’arrête pas d’y penser. Tu avais une gueule tordue et tu étais tout laid mais tu m’as baisé comme peu d’autres. J’ai bien aimé ton sexe couvert de percings qui faisait « bling pling »à chacun de tes gestes. Tu t’appelle Jean-Luc…. Et ça c’est très moche.

dimanche, juillet 16, 2006

le touriste de Sete à l'Espiguette en passant par Carnon, le Grand Travers et la Grande Motte

Jetée-promenade
Ancrée près des eaux
Mer saoul ou endormie
Dunes assaillies
Lumière instable
Etre cinglé par le sable ________ Etre cinglé tout court.

jeudi, juillet 13, 2006

Une Impression de Nuit

Je sors des Corbières par Portel pour prendre l’autoroute à Sigean. Il est 22 heures et, pendant une heure, jusqu'à Ogreville, je vais voir sur ma droite tout les feux d’artifice des stations balnéaire.
Nous sommes le treize juillet mais la proximité d’Ogreville mais surtout la magnificence de l’embrassement de la cité de Carcassonne le 14 pousse toutes les municipalités à tirer les feux d’artifice un jour avant.
Une heure de bouquets éparpillés.
Une joie enfantine.
Belle idiotie.L’ogre est niais et émerveillé.


Pendant ce temps certains sont

mardi, juillet 11, 2006

Endurance (texte)


T’appeler chaque jour
T’écouter parler
Ne rien comprendre ( pour avoir l’occasion d’y repenser après)
T’offrir des trucs
Ne pas jeter tes cadeaux
Pour penser à toi
Pour qu’ils m’encombrent
Pour qu’ils me noient
En plus ne pas oublier de te remercier
Prendre des photos de toi en vacances
A la mer, à la montagne, devant le Prado, le Louvre ou Buckingham.
Ce seront , plus tard, des preuves de ton existence.
M’investir ( tout ça pour la satisfaction amère d’avoir un ou deux souvenirs d’amour.)

lundi, juillet 10, 2006

séries de mots



Good Morning Mister Morning!

Une autre méthode
Ne pas être piétiné
Une humeur ou une opinion
Le chanceux _ le mal chanceux
Emetteur _ récepteur



L’idée qu’on a d’un enfant

Fouille les ténèbres
Marche sur mes pas
Irascible enfant
Accusant la fatigue
Sa tête comme celle d’une vielle femme.
Son orgueil remplacera ma rêverie _ et ma bêtise
Garde ta querelle.

dimanche, juillet 09, 2006

L’Habitat comme souvenir ( 2 /l’adolescence)

Début de cette série de texte là.
Excusez la précocité de l’Ogre
Pour des raisons de tailles de post je fais commencer l’adolescence à 10 ans.

L’été de mes dix ans je pars avec ma mère à Chicago dans l’illinois.
Je me souviens de ma première nuit américaine. Nous avons dormi dans un hôtel du dowtown qui donnait sur le « loop » (le quartier des affaires). J’ai le souvenir d’un hôtel assez miteux et ça me surprends pas mal car normalement payé par le taf de ma mère. A cause du décalage horaire et de l’excitation je n’ai pas beaucoup dormi. Je suis scotché par la nuit orange. Arrivant de Roumanie ou les gens volaient les ampoules pour les revendre à d’autres qui de tout façon n’avait pas l’électricité, ces lumières partout et à toutes heures m’ont bouleversés. C
’est ce soir là que j’ai compris que j’étais dans un pays ou les choses étaient grandes ou n’était pas du tout. Les matelas ne sont pas géniaux. J’étais perplexe, c’ était la première fois que je regardais ma mère dormir, un peu comme un marin qui regarde un phare éteint. Je me suis rendu compte qu’une mère n’était pas toujours debout et active.
Je me souviens du bruit métallique du « El », le metro aérien, qui passait sous les fenêtres ou pas loin comme des boites de conserves qui se traînent.

L’appartement de Chicago était bourgeois.
Une bâtisse en U construite au début des années 1900 comme on en voit beaucoup dans les films américain. Le centre du U était dallé avec des parterres de buissons. Dans le hall de l’immeuble un portier-concierge noir toujours mort de rire… nous étions en plein cliché. Après avoir blagué un moment et récupérer le courrier nous partions vers la gauche prendre un ascenseur jusqu’au troisième.
L’appartement donnait sur West Surf street qui était une rue calme qui reliait le bruyant boulvard shéridan ( qui longait de pas trop loin le lac Michigan) et la fourche brouillonne de Clark et Brodway Street.
Cette Surf Street était arborée et nous n’étions pas loin de l’immense Parc Lincoln qui finissait dans le lac.
L’appartement, comparé a celui de Bucarset, est petit.
Plus tard je me rendrai compte qu’il avait une taille tout a fait normale et même au dessus de la moyenne. L’ entrée était minuscule bordée d’un coté d’un « placard miroirs » et de l’autre par la porte de la chambre de ma mère, celle de la salle de bain et enfin sur la pièce principale. A la gauche de cette grande pièce au parquet sombre se trouvait la cuisine typiquement américaine ( petite mais avec un frigo énorme, ouverte sur le reste de l’appartement, le téléphone accroché au mur et un broyeur dans l’évier ( ouah tout ça en 1985).
Le déménagement arrivant par bateau jusqu'à la côte est puis par la route jusqu'à la région des grands lacs nous avons vécus de longues semaines dans un appartement vide de tout sauf de deux valises et d’une multitude de nouveaux appareils électriques achetés sur place à cause de la différence de voltage.
L’entrée, la chambre de ma mère et le grand placard jouxtant ma chambre étaient recouverts d’un grosse moquette beige.
C’étais la première fois que je voyais un truc comme ça. J’ai vraiment l’impression d’être bête en écrivant ça mais je crois que, encore au milieu des années quatre-vingt, on pouvait être totalement dépaysés en arrivant aux Etats-Unis et en tombant sur des choses du quotidien qui n’avaient pas encore traversés l’Atlantique alors que de nos jours, que se soit pour les fringues, pour les idées ou pour les disques, tout arrive presque simultanément.
La première fenêtre de cette salle s’ouvrait à l’intérieur du U comme celle de la minuscule chambre de ma mère tandis que l’autre (ainsi que les trois fenêtres de ma chambre ) donnaient sur Surf Street .

J’ai adoré cette chambre. Je me souviens que c’était l’endroit idéal pour observer les écureuils qui pullulent en Amérique du nord et qui n’ont pas peur de villes comme Chicago, New-York ou Boston. C’est là que j’ai aussi décidé d’arrêter de jouer. Un jour je me suis levé et j’ai jeté les légo, les poupées et les he-man dans un sac que j’ai mis à la poubelle. Ma mère l’as récupéré et garder quelques temps puis, voyant que ma décision était irrévocable avait déposer le sac dans la rue pour que d’autres se servent.
C’est dans cette chambre que je suis devenue un grand !

C’est là que j’ai commencé a passer mon temps à écouter la radio. Des heures passer à écouter des stations aux initiales délirantes comme savent si bien le faire les amérloques.

Un soir, la dernière année de notre vie américaine, un animateur radio commentait le nouvel album de Prince, et constatant que le chanteur posait nu sur la pochette il a dit : « hey watchout ! don’t buy Prince’s new album because everyone will think you’re gay ! ». Je me suis donc bien juré de ne jamais acheter Lovesexy de ma vie !
…. J’ai eu, des années plus tard, d’abord le vinyle ( jamais de K7 la photo est trop petite !) puis le cd de cet album, que j’ai ensuite prêté a un connard qui est parti sans laisser d’adresse

Il y avait aussi un vaste placard qui faisant la longueur de la chambre et la moitié de sa largeur. Cet endroit est devenu ma chambre quand mon cousin, âgé d’une vingtaine d’année, est venu habiter avec nous pendant ces études.
Je suis assez surpris d’avoir adoré ça, moi qui suis maintenant complètement claustrophobe et qui est content de trouver sudokus et mots croisés au chiotte pour éviter de réaliser que, chez moi, c’est la seule pièce sans fenêtre.
J’avais donc une chambre entièrement fermée qui amplifiait mes premières émois de lecteur de fantastique. Je crois que c’est dans cette caverne que j’ai lu (ou tenter de lire) mes premiers lovecraft, poe et toute la collection des « Alfred Hitchcock presents…. ».
En plus je crois que le jeune adolescent aime baigner dans son jus et ses odeurs et que par conséquence, cette chambre sans fenêtre, était idéale.
Dans cette appartement j’ai aussi ressentis un léger tremblement de terre qui a fait tomber, les un après les autres, quatre tableaux dans le salon.

A Oslo ( Norvège) nous avons habités deux appartements différent.
Le premier se trouvait dans une rue en pente entre le Palais Royal et le port. Le bâtiment était une sorte d’immeuble haussmannien sans éclat ; Nous habitions au dernier étage dans un appartement blanc aux hauts plafonds. Il était divisé en deux partie distincte reliées par un couloir étroit.


Une fois dans l’entrée nous pouvions allé en face dans un salon ou , par une porte sur le coté dans une autre pièce qui communiquait avec le premier salon par une grande ouverture.
De l’entrée on pouvait aussi accéder à un drôle de chiotte à double porte puisqu’il communiquait avec ma chambre. Ma chambre et la grande pièce donnaient sur le couloir qui aboutissait sur l’autre partie de l’appart, une jolie cuisine, une chambre de bonne et un antique escalier de service. Ma mère dormait dans le salon près de l’entrée qu’elle transformait en chambre le soir car la pièce tout au bout de la cuisine était minuscule et inchauffable.
C’est dans cet appartement que je me suis enfoncé dans le mal être adolescent. Comment peut-on se gâcher la vie à cet age là avec des problèmes de cœur, de sexualité d’hormones et de place à tenir dans la société ?
Ma fenêtre donnait sur une cour peu lumineuse dans un pays ou, au plus fort de l’hivers, le soleil se lève à 10h30 pour se coucher à trois heures de l’après-midi. Du coté rue on voyait l’immeuble d’en face. Un immeuble jumeau ou ma vue plongeait souvent sur un cabinet de dentiste et sur une grande salle ou avait lieu des cours de ju jitsu. Quand on étirait le cou par la fenêtre on pouvait apercevoir Drammensvein, la grande artère qui traverse la ville d’est en ouest et les arbres du parc du château royal.
C’est dans les toilettes loufoques de cet appartement que ma mère a retrouver mes premiers mégots. J’ai donc découvert l’extrême capacité de flottaison des mégots et c’est là aussi que j’ai appris a ne pas faire confiance aux chasses d’eau.
Un matin de mars, alors que j’étais en caleçon dans le salon j’ai appris la mort de Gainsbourg en écoutant les titres du journal du matin de Radio France Internationale.
C’est aussi le seul appartement, après avoir habiter en Roumanie et à Chicago, ou nous nous sommes fait cambriolés. Oslo, comme OgreVille, est un endroit ou j’ai passé mon temps à me faire piquer mes vélos.


Tout ceux qui ont déjà été cambriolé savent les mois de mal-être et de sentiments d’insécurité qui suivent. J’ai détesté cet appartement à partir de ce moment là, c’était la première fois que je voyais ma mère malheureuse à la suite de pertes matérielles, on lui avait voler des bijoux sans valeurs mais qui appartenait à sa mère.
Nous avions de vieux voisins cons qui avait l’habitude de gueuler a chaque petit bruit dans l’immeuble mais qui, bien sur, cet fois n’avaient rien entendu. Ils ont aussi fait comprendre à ma mère que c’était un peu de notre faute car il avait fallu attendre notre arrivé dans l’immeuble pour qu’un cambriolage se produise…. Et par la même provoque un séisme dans les statistiques extrêmement basse de l’insécurité de leurs royaume de merde !
C’est ce couple de vieux qui, bien avant l’homo phobie, m’as fait sentir victime d’un racisme light, d’un petit racisme entre blanc : Nous étions Français donc un peuple de sud.
Je me souviens du pincement de lèvres du monsieur quand on leur a dit ( qu’en plus) nous étions originaire du sud de la France. La méditerranée ils ne connaissaient pas puisque la civilisation s’arrêtait d’un coté à Bruxelles et de l’autre en Suisse. Il y avait quand même des terres magnifiques à l’est mais, pour quelques mois encore, elles s’appelaient « le bloc communiste » alors mes voisins avait un peu peur de s’y faire égorgé en allant y faire un tour. Nous étions donc sale et mal élevé.
Ils ont aussi vite réalisé que ma mère travaillait et m’élevait seule alors ils nous regardaient avec une grande condescendance.
Ce n’était pas un racisme violent, un racisme de pauvre mais il a duré trois ans.

Ce couple était aussi responsable de la parabole de l’immeuble et, ce pays étant anglo et germanophile, cette dernière était toujours orienter pour capter les chaînes de ces langues là. En deux ans nous n’avons pas eu le droit a une heure de TV5 Europe.
Un jour une nouvelle parabole qui fut installée et nous pûmes accéder aux chaînes francophones pendant qu’ils mataient les leurs.

Comme le séjour en Norvège fut rallongé d’un an nous emménageâmes dans un quartier résidentiel pas trop loin des écoles française et anglaises. Les grandes et longues vitres donnaient sur le parking de l’immeuble et sur les arbres qui servait de clôture à la résidence. J’ai eu l’impression de revivre un peu.
Un peu de lumière dans un pays si sombre.
L’appartement était moins grand que le premier mais beaucoup plus fonctionnel. La propriétaire avait laissée un tas de meubles si moches qu’il régnait dans les pièces une atmosphère surréaliste.
Je garde de très mauvais souvenirs de ce pays. C'est sans doute à cause de l'age que j'avais lorque nous avons habités là-bas mais aussi à cause des hivers et des rapports humains dans ce pays que j'ai eu du mal à comprendre.

Après mon bac français je suis retourné en France.
J’ai passé ma terminale à Carcassonne chez une de mes tantes car ma mère devait passer un an à Paris et que je n’avais pas vraiment envi d’être parachuté dans une grande ville inconnue pour finalement y planter mon bac.
Carcassonne avait la bonne idée de se trouver à une quarantaine kilomètres au nord ouest du village familiale et d’être habité par quelques amis. Sinon…. Carcassonne est terriblement triste et plate.
L’immeuble se trouvait au Viguier, quartier sud et populaire qui longe la route de Limoux. C’était la fin de la ville car derrière le bâtiment il n’y avait plus que des champs jaunis et la rocade.
L’appart était petit mais très bien aménagé. Ma tante ayant un boulot aux horaires étranges et beaucoup d’activités autres je passais de longs moments seul avec Carotte un chat de dix-neuf ans au caractère infecte.
La salle de bain était la fierté de ma tante.
Elle avait bossée dur pour y mettre miroirs et marbres. On y entrait en passant derrière un gros rideau de velours noir cousus de fil doré !
Je n’ai pas grand souvenir dans cet appartement car des que je le pouvais ( le mardi soir et le samedi matin) je partais dans les collines en scooter pour rejoindre le village, sa rivière et ses pinèdes car c’est là que nous étions les rois.
Cette année de terminale est sans doute une des plus belle de ma vie.

samedi, juillet 08, 2006

Reconnecté ( ou "elle est pas follichonne ma vie au jour le jour ! ")

Vendredi 31 :
De retour pour une petite semaine à la cafétéria ( mon deuxième boulot). J’ai l’habitude de travailler seul avec un patron pratiquement tout le temps absent et j’ai un peu de mal a bosser en binôme comme aujourd’hui et pour sept jours.
Une grosse envie de ne pas être là.

Samedi 1 :
Je ne comprends rien au foot. Pourquoi est-ce que les bleus jouent en blanc ? Ce sera la première et la dernière fois que je parlerai foot dans ce blog.

Dimanche 2 :
En scooter, accroché à Gunter, je file sur la route de la Petite Camargue. Nous parcourons les trente cinq kilomètres qui séparent OgreVille de la plage de l’Espiguette. Le soleil est une torchère, les moustiques s’écrasent sur la visière de mon casque, les taureaux abrutis de chaleur nous regardent passer en attendant d’être sortis des champs pour les fêtes locales…. C’est les vacances !!!!……….mais je travail demain.

Lundi 3 :
Je croyais ne pas aller à Avignon cette année mais les Canardos en ont, sans doute, décidés autrement.

Mardi 4 :
Repas largement familial chez moi. J’ai passé deux heures à éplucher des légumes en rentrant de la cafétéria.
Pendant le repas ma cousine à l’impression que quelque chose coule sous la table alors un ami de mon cousin et moi ,qui suis juste en face, avançons la main sous la table pour essayer de comprendre ce qui s’y passe. Nos mains se touchent alors je vois dans le regard de ce dernier une lueur de panique, sa bouche s’arrondie d’indignation et il reprends ses esprits pour me fusiller du regard.
…. Ca me saoule ces gens qui ont toujours l’impression que les homos les draguent. Ca me saoule ces gens qui interprètent tout les gestes et en plus qui les interprètent mal.
Finalement plus de place nul part dans le in d’Avignon le 13 juillet alors il va falloir se plonger dans le programme du off comme Champollion dans les écritures inconnues.

Mercredi 5 :
J’ai du mal à enchaîner les heures et les jours.

Jeudi 6:
Un clochard me prends pour un frère de galère alors que je suis seulement devant le local poubelle de ma résidence entrain d’effectuer, de manière citoyenne, mon tri sélectif. Il me fait un clin d’œil et me dit que ces poubelles là c’est d’habitude de la bombe.
Je ne suis pas lavé, ni rasé….. ceci explique t’il cela ?

Vendredi 7 :
Une odeur infecte imprègne mon appartement depuis quelques jours. Je trouve aujourd’hui la source de cette puanteur : Une courgette molle. La courgette à la fâcheuse habitude de pourrir et de sentir de l’intérieur bien longtemps avant que cela apparaisse à l’extérieur.
Si.
Si.
Je vous assures….. essayez par vous même.