dimanche, décembre 04, 2005

fucking / no fucking (version aquatique)

Le dégoût est total en ce moment. C’est sûrement à cause de l’hiver, c’est sûrement à cause du coup de collier que j’ai donné en fin de semaine dernière pour boucler les différentes versions du spectacle pour enfant.
Spectacle qui ne me donne aucun plaisir depuis que nous avons ressusciter le projet après un an d’incertitudes.
Je suis retourné à la piscine. Il faut que j’y pense assez à l’avance pour me motiver.
Une fois que je suis dans l’eau ça va ? L’eau m’enveloppe d’une énergie que j’ai du mal à trouver ailleurs puis tout retombe.


Le 17 juin 2000 je suis avec mon amant dans la maison de campagne. J’adore le moi de juin car c’est déjà l’été et les jours ne diminuent pas encore. Nous passons notre temps à recevoir nos amis dans cette grande maison.
Je me suis toujours demandé si c’était une façon qu’a eut mon amant pour dire au revoir à tout le monde comme si il savait que sa vie allait se terminer à la fin juillet.

Nos amis arrivent vers les onze heures du matin, ils arrivent de la ville ou de la côte, avec d’énormes plateaux de fruits de mer que nous dégustons sur des nappes blanches posées sur la table dans la cour intérieure de la maison.

Le 17 juin 2000 est la fin d’une parenthèse ouverte au moi de mai.
Une bulle de repos entre les mois d’hivers ou mon amants à subit des traitements inefficaces mais épuisants et l’agonie du dernier moi.
Après la fête de la musique, le 22 juin au matin, ne pouvant pas se lever des ambulanciers sont venus le prendre à la maison. Il est mort un moi plus tard.

Le 17 juin c’est aussi une fin de parenthèse car j’ai faillit me noyer.
Avec une amie nous avions quittés la maison de campagne pour aller à la ville la plus proche pour faire le plein de course pendant que les autres était restés paresseusement dans des transats.

Au retour j’ai voulu qu’on s’arrête pour se baigner, à ’l’extrémité d’un plan d’eau aménagé, dans la rivière du coin.

A l’endroit où je voulais me baigner une passerelle rudimentaire, faites de trois tuyaux posés cote à cote puis recouvert de béton, permettait aux tracteurs de traverser la rivière pour rejoindre quelques vignes isolés jusqu’aux inondations de novembre 1999.
Lors de ces crus le béton à cédé aux extrémité de la passerelle. Celle-ci c’est donc enfoncée dans le lit de la rivière pendant que l’autre coté piquait vers le ciel.
Le tout ressemblant à une rampe de lancement plus large que haute.

Je saute à l’eau et je m’accoude du coté bas de la passerelle et continue de parler avec ma pote quand soudain je sens mes pieds aspirés par un des tuyaux.

J’essaye de me cramponner au plateau de la passerelle tandis que ma copine, se demande pourquoi j’ai tout d’un coup arrêté de parler et pourquoi je suis devenu blanc de peur.
Je dis « putain, putain », elle me tends ses deux mains mais l’eau m’emporte.

Je ferme les yeux… Quand je les ouvre tout est vert sombre autour de moi.
J’aperçois que le courrant me conduit vers un endroit vert clair. Je me dis que c’est le fameux halo de lumière que décrivent les gens victimes de NDE.
Je me rends compte que c’est en fait l’endroit ou l’eau sort du tuyau et que je me suis donc retourné lorsque j’avais les yeux fermés….. Je suis donc dans le sens de la marche mais je doute avoir assez d’air pour tenir jusqu'à la sortie du tuyau….Je suis d’un calme surprenant. Il y a plein de choses bizarres autour de moi, un peu comme si le vert de l’eau qui m’entourait était devenu le vert d’une forêt. J’étais sûrement à Brocéliande, entourés de personnages magiques et de gens que j’appréciés…. J’étais extrêmement bien.
J’avais l’impression d’être dans le silence total après vingt-cinq ans de bruit. Je me suis dis que je n’avais pas besoin de revenir en arrière puis mon cœur est devenu très lourd : J’ai pensé à mon amant que je laissais seul dans un moment assez dur puis je me suis dit que c’était la fin pour lui et qu’il n’avait pas beaucoup à attendre avant de mourir lui aussi.
Ma mère est arrivée dans la foret pour me dire au revoir puis le bruit assourdissant de l’eau m’a éclaté les tympans et je suis rentré dans le vert clair puis dans l’eau transparente……

Je m’écrase sur un rocher pourtant je ne sens rien. Je sais que j’ai le haut du corps en dehors de l’eau alors que mes doigts de pieds s’enfoncent dans les graviers du lit de la rivière. La première chose que je vois quand j’ouvre les yeux c’est le cul de ma pote penchée sur son sac à la recherche de son portable pour appeler les pompiers….. Ce cul enfermé dans un maillot de bain bleu à fleurs jaunes….. je me dit « t’es pas au paradis, bon retour sur terre ! ». J’essaye de crier mais je n’y arrive pas car il y a plus d’air dans mon cœur.

La douleur arrive d’un seul coup. Mon genou droit est explosé et je n’arrive pas a le bouger.
Ma copine se retourne enfin, le visage décomposé. Une fois la surprise de me voir vivant passée elle essaye de trouver un moyen de me rejoindre sur mon rocher au milieu de la rivière.

Au bout de dix minutes je me lève et sort de l’eau.
Mon genoux a arrêter de pisser le sang et je me dit que j’ai du sentir la même chose qu’une tranche de pain qui saute du toaster.


Je regarde les trois tuyaux. Il me semblent petits pourtant j’ai disparu pendant un peu plus d’une minute. Je remarque aussi que le tuyau ou j’ai vu la foret de Brocéliande est le seul a ne pas être obstrué par des branches.

Nous restons une demie heure tremblants et pleurant avant de reprendre la voiture.
Dans la voiture je dit seulement que j’étais à Brocéliande et que la forêt était remplis de monde.
Quand nous arrivons à la maison nous racontons l’histoire aux autres.

Nous sommes tout les deux bouleverser mais je suis sûr que notre auditoire ne se rends (heureusement) pas compte de la chose que je viens de vivre et des émotions de ma pote qui se voyait déjà entrain d’appeler ma mère et mon mec a la morgue.

« J’ai pensé à mon amant que je laissais seul dans un moment assez dur puis je me suis dit que c’était la fin pour lui et qu’il n’avait pas beaucoup à attendre avant de mourir lui aussi. »…. Pendant la nuit je me suis dit que c’était la première fois que je formulais les choses comme ça, Cette invasion d’inconscient est aussi de courte durée car, par la suite, même en plein dans le cauchemar, je n’ai jamais réalisé qu’il pouvait mourir.

Souvent j’ai l’impression de passer ma vie a raconter cette histoire. Elle n’était pas dans ce blog, c’est maintenant chose faite.

Fatigué, comme cette fois là, au sortir de l’eau.
Si ma vie s’arrête aujourd’hui il n’y a aucun problème, mon appartement est propre et les papiers sont classés.

Je pense a cette histoire puis le premier décembre s’abat sur la ville.
Je ne veux plus de cette terreur au fond de moi.

Je ne veux plus me sentir cloué au sol.
Je veux pouvoir aller vers l’autre sans avoir l’impression d’aller à la guillotine.
Cette terreur m’aspire.
Je ne veux plus de rubans rouges, de bougies ou de lâcher de ballons.
Cette maladie m’a rendu triste et fou.
Cette maladie m’a rendu parano.
Mon corps est « safe », pas ma tête.
Pour être en paix avec moi-même il faudrait que j’arrête totalement d’avoir une vie sexuelle.
Mieux vaut être abstinent plutôt qu’avoir une vie sexuelle médiocre.
….. je n’ai même pas le courage de ça.

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