samedi, août 05, 2006

Immortaliser Francis

Il y a quelques nuits je rencontre un garçon (ni beau, ni moche, juste ce que j’ai d’habitude…) de trente-cinq ou quarante ans avec un petit corps sec et musclé. Ses cheveux, mi long, plantés n’importe comment, sont châtain virant sur le poivre et sel. Il est vraiment plus « root » que urbain…..C’est d’ailleurs un touriste qui crèche au fond de l’arrière pays. Plus que son torse dur où traînent quelques cicatrices ou ses fesses « espagnoles » c’est sa gueule qui me trouble. Je suis d’abord flatté d’être regardé avec autant de désir et de cannibalisme (même si je sais que c’est sans doute qu’un jeu ) mais ce mec me bouleverse vraiment.
Faire l’amour avec lui fut une véritable joie même si une partie de moi ( la plus conne sans doute) était occupée a comprendre en quoi ce garçon m’était si précieux alors que je ne le connaissais pas dix minutes avant.

Je me suis enfoncé sur un canapé rouge et il s’est lentement assis sur moi. J’avais la tête dans son torse. Au bout d’un moment il s’est reculé et j’ai pu me perdre un peu dans sa figure.
Après l’amour il est tout nu et tout maladroit alors que moi je me suis rhabillé très vite, presque honteusement.
Lui il est dans la pièce un peu gauche mais surtout radieux.
C’est là que je comprends qu’il est la réplique exacte de mon premier grand amour homo rencontré dans l’arrière pays ( pas celui d’ogreville mais celui entre l’Aude et les Pyrénées Orientalees, dans les collines derrière le village de Fitou) il y a douze ans.

Je demande a ce garçon rencontré à l’instant de ne pas remettre tout de suite ses vêtements. Il ne comprends pas ma fragilité soudaine et me regarde un peu de travers. J’ai envie de lui demander si je peux le prendre en photos, si je peux prendre des endroits ultra précis de lui en photos. Faire enfin ce que je n’ai pas fais il y a quelques années : Immortaliser Francis, hollandais solaire et terrestre que j’ai découvert dans la poussière jaune des Corbières ou du Vallespir et que j’ai essayé d’aimer dans l’hiver d’Amsterdam.
En toute logique ce Francis, étudiant en naturopathie essentiellement pour soulager et guérir ( ?) son SIDA) doit être mort maintenant.

Mais bon dieu !!!! c’est avec lui que j’ai couché l’autre soir.
Je pense a cette histoire un peu beaucoup ces derniers temps et je me rends compte que l’on assure pas une cacahuète quand on a dix-neuf ans quand la douleur, la maladie et l’éloignement affleurent à la surface un peu lisse et niaise de l’amour.

Je me mors les doigts de n’avoir pas demander le numéro de téléphone de ce garçon qui a eu la gentillesse de s’être laissé faire prendre pour celui qu’il n’était pas l’autre soir…..
Je me mors les doigts et…. je me mort tout court.

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