mercredi, juillet 20, 2005

au bout de la rue a gauche

Quand je longe ma rue jusqu’au bout et que je tourne légèrement à gauche il y a un tout petit parc.
C’est un endroit extrême sale.
Au printemps, deux ou trois étudiants de la fac de droit viennent y manger leur sandwich et en été il sert de refuge vert à quelques clochards qui passent leur temps à crier contre leur bergers allemands.
Quand je longe ma rue jusqu’au bout et que je tourne légèrement à gauche ça sent un peu l’urine et je vois par terre des tessons de bouteilles et des cartons de packs de bière.

Aujourd’hui j’ai longé ma rue jusqu’au bout et j’ai tourné légèrement à gauche…
Un gars d’une trentaine d’année était pratiquement collé à un arbre. Il me tournait le dos et je n’ai pas vu son visage. Ill était torse nu et de la ou j’étais je pouvais voir les muscles de son dos glisser et s’entrechoquer au niveau des omoplates. Son cou perlait de sueur et son jeans porté très bas me montrait le début de ses fesses. Il était maigre à souhait. Sa main gauche était inerte le long de son corps tandis que sa main droite gravait l’écorce.

Je regarde aussi la cicatrice qui lui divise l’arrière du biceps.
Je regarde se cheveux noirs collés et humide en haut de sa nuque.
J’imagine que si il se retournait je tomberai en pamoison devant la marque qui sépare les anches du bas ventre chez les gens maigres ou « doucement » musclés.

En fait l’ogre ne tombe jamais en pamoison.
L’Ogre n’est pas assez midinette pour ça.
L’Ogre se consume et meurt sur place a chaque fois que la Grâce d’autrui lui est révélée.

Je voudrai qu’il se dépêche de graver.
Je voudrai qu’il parte pour que je puisse m’approcher et lire.

(+ou-) haïkus du parc près de chez l’Ogre

Mon cœur est ancien
Tu y a gravé ton nom
Ecorce immortelle

Gravé dans l’écorce
(Rituel adolescent)
Ton nom m’appartient

Aucun commentaire: