vendredi, juillet 15, 2005

spectacles


Deux jours marathon à Avignon afin d’avoir l’illusion d’assouvir une soif de spectacles. J’aime l’atmosphère électrique de cette ville au moi de juillet. Tout le monde semble écraser par le soleil mais toujours en mouvement. Les touristes, les festivaliers et les locaux sont dans l’Excès. Excès de joie ou d’irritation. Excès d’affiches (je crois qu’il y avait plus de 700 spectacles dans le festival Off), excès de population et excès des prix.

J’ai (essayé) de dormir dans la voiture, j’ai aussi regarder le roulement gris du Rhône au levé du jour. J’ai parlé a des gens à qui je n’aurai jamais parlé habituellement et je me suis même lancé timidement dans la lecture de textes sur le porche d’une église isolée.

Malheureusement il y avait aussi la librairie du festival ou je me suis ruiné pensant comme des centaines d’autres personnes qu’en achetant un livre on ramène chez soi une partie du rêve. J’ai le même problème avec les catalogues d’expo…

J’arrive assez tôt à Avignon et passe au Cloître Saint Louis pour acheter une place pour un spectacle que je ne comptais pas voir lors de l’ouverture de la billetterie. J’arrive pendant la conférence de presse matinale. Je vois Laure Adler s’installer a sa chaise face au publique. L’horizon s’écroule : pendant des années j’ai fantasmé sur cette femme que je trouvé extrêmement belle et intelligente. Le fantasme du Cercle de Minuit (fameux générique de G. Oryéma). Cette femme avait le pouvoir de connaître la réponse à la question qu’elle posait et donc, après un fantastique croisement de jambes, de court-circuiter l’inviter à la question suivante. J’ai aimé le combat de cette femme a son arrivé à la tête de la très machiste France Culture. J’ai aussi aimé la force de son écriture (A ce soir…) quand elle raconte la douleur de perdre un enfant.
Je crois aussi être, comme beaucoup de monde, très intrigué par ceux et celles qui ont fait parti de la « garde rapprochée » de François Mitterrand.
Mais là, en ce moi de Juillet 2005 en Avignon…. Laure Adler a vieillit et on ne peut pas dire qu’elle soit belle. Sa couleur de cheveux est très étrange, son extrême maigreur lui donne une allure bizarre. Heureusement sa voix est toujours la même et je crois qu’elle envoûte tout les gens présent dans le cloître. A coté d’elle se sont assis Jean Pierre Vincent et Hubert Colas qui, immédiatement, ont disparut face a sa présence. Elle ouvre la conférence de presse en assurant, a l’équipe organisatrice du Festival, l’entier soutient du Groupe France Culture face à la polémique suscitée par la programmation 2005.

La billetterie ouvre.
Mouvement de foule.
Nous prenons un ticket comme à la boucherie.


Je veux absolument un billet pour aller voir Anéantis mis en scène par Thomas Ostermeier mais il n’y a plus de place. Je prends donc un billet pour aller voir Berlin par … Quand je ressort du bureau de location tout est très insignifiant dans le cloître : ce n’est plus Laure Adler qui parle.

Je suis assez surpris, en tombant sur un prospectus d’un spectacle du festival off , qu’une compagnie mette en scène un texte de Sarah Kane. Il y a donc à Avignon deux Anéantis( un dans le In, un dans le off ) et,dans le off Craved toujours de Sarah Kane.
Fin septembre Isabelle Huppert, après l’avoir joué en 2002 , reprends son rôle dans 4.48 Psychose de la même Sarah Kane( mise en scène Claude Regy). Comment naissent les modes, et les auteurs dans l’air du temps ?
Sarah Kane est une jeune auteur dramatique anglaise qui s’est pendue en 1999 à 28 ans. Jusqu'à aujourd’hui elle avait été très peu jouée en France. Pourquoi d’un coup tant d’intérêt ?
Je crois qu’il faut absolument voir Anéantis ou du moins lire la traduction française publiée chez L’Arche. Ce texte est très court, on pourrait même dire qu’il est « avare ». J’ai cru au début à une grossière histoire écrite par une adolescente en crise mais en fait il s’agit d’un véritable cauchemar très bien écrit et ficeler. Si j’examine le texte scène par scène je trouve ça un peu léger mais quand je ferme le bouquin et que je pense à l’ensemble c’est terrible. Cette histoire se passe dans un hôtel d’un quartier pauvre de Leed…. Nous apprenons cette semaine qu’un des kamikazes du metro londonien est originaire de cette ville.

Je prends ensuite le car pour aller voir « mon événement » du festival : Les Vainqueurs d’Olivier Py. Le spectacle avait lieu dans le gymnase du Lycée René Char à une vingtaine de minutes du centre ville d’Avignon. La navette est partie a trois heures de l’après midi et nous a ramener à deux heures dix du matin….environ neuf heures de spectacles coupé d’entractes.
Evidement il est impossible de résumer un spectacle de Py. En gros un personnage qui se nommes Personne est le témoin de l’arrêt de trois destins. Il va donc vivre ces trois destins en étant tour à tour Prince, courtisane et fossoyeur. C’est une épopée tragique ou il y a des moments extrêmement drôles et bien sur terriblement poétique.


J’aime l’épopée, j’aime le théâtre interminable car c’est comme l’amour on a envi que ça dure (…et que se soit…..) longtemps. J’aime aussi les mises en scène de Py et ses « décors machines » qui semblent ouvrir l’espace et amplifier le jeu des comédiens. Les acteurs sont à 100% pendant toute la représentation.

J’adore Olivier Py. Je suis à chaque fois heureux de voir ce qu’il fait mais j’aimerai qu’il mette en scène un monologue de quarante-cinq minutes dans un décor ultra sobre.
Neuf heures de spectacle…. Quand je pense à l’énergie qu’il faut avoir pour mettre sur pied une pièce d’une heure trente.


Pendant un des entractes je croise Olivier Py. Ce n’est pas la première fois mais je suis toujours incapable de lui décrocher un mot. (Peut-être qu’il ne faut pas parler aux gens que l’on admire. Cela nous évite sûrement d’être ridicule et inintéressant.). Il porte une chemise rose et un pantalon rouge vif. Je ne pense pas à baisser le regard pour voir si ses chaussures sont bleues, jaunes ou vertes.

Il se penche un peu en me croisant.
Je crois qu’il essaye de voir le titre du livre que je tiens dans la main.
Il ne saura jamais que je suis entrain de lire les Choéphores d’Eschyle.


Le bus nous ramène au centre d’Avignon.
Impossible de trouver le sommeil à cause de l’excitation.

Le lendemain matin je me promène au bord du Rhône.

Je crois que c’est aujourd’hui l’anniversaire de la mort du jeune Romain tué, l’année dernière, pour avoir refusé de donner une clope.
Je réfléchis (un peu) sur le manque flagrant de zenitude du monde.

Je passe au Cloître Saint Louis, Laure Adler n’y est pas.
Je me sens un peu seul.
C’est un matin flottant.


Je n’ai pas trop envi de parler du spectacle de Jan Decorte que je suis aller voir a quinze heure dans la très fraîche et très austère Chapelle des Pénitents Blancs. J’ai eu l’impression de me faire arnaquer, d’avoir assister au degré 0 de la création artistique. C’est dans la même veine que Jan Fabre mais sans aucun compromis au public. En un mots : très hermétique. Je n’ai rien compris mais surtout je n’ai rien ressentit. Jan Decortre a écrit un texte en Français. Ce texte est récité par sa « compagne à la ville comme à la scène » Sigrid Vinks. Elle ne doit pas savoir trop parler français. Elle a du l’apprendre en phonétique. C’est obscur, je crois qu’il est question d’un meurtre. Cela ressemble à de l’écriture automatique même si elle dit : « ce texte n’est pas de l’écriture automatique ». L’auteur interrompt souvent son fil conducteur incompréhensible pour dire qu’il vient juste de regarder dans le Grevisse telles ou telles nuances Il nous prévient aussi qu’il a reposé le dictionnaire après avoir regardé une traduction en Flamand. Bon….Pourquoi pas mais ça parle de quoi ?
Elle a une armure et lui porte un habit de moine soldat. Au tout début il es nu et se lave en trempant une éponge dans une bassine. Entre les textes Jan Decorte danse sur des morceaux de musique composés par Arno. Au milieu du spectacle une danseuse contemporaine vient faire des arabesques pendant une dizaine de minutes dans un terrible silence. Le tout étant appelé « Dieu et les esprits vivants ». Je viens de relire le texte qui accompagne le programme et je n’arrive toujours pas à faire de lien avec ce que j’ai vu.
Le spectacle ne dure qu’une heure et quart.
Ouf.
(Finalement j’en ai parlé de ce spectacle don je ne voulais pas parler.)

En fin d’après-midi j’assiste intrigué à la représentation de B. #03 Berlin par Romeo Castellucci et la Societas Raffaello Sanzio. Je n’avais jamais mis les pieds au théâtre municipal d’Avignon. C’est un petit théâtre à l’Italienne sans charme.

B. #03 Berlin est une allégorie sur le vingtième siècle allemand. C’était une expérience de « théâtre plastique » assez réussie.
J’espères pouvoir reparler de B. #03 Berlin. et de ses créateurs dans mes prochains envois de textes.

Les prochains jours vont ressembler a cette semaine, c'est-à-dire très chargés. L’ogre n’auras sûrement pas le loisir de venir donner à manger à la bête-blog.

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