dimanche, juillet 10, 2005

oiseaux

Je vais manger chez C. & M. Bien sur j’arrive un peu en retard. Il fait presque nuit et le ciel est traversé par le vol des hirondelles. J’ai du mal a trouvé une place pour me garer. Je traverse ensuite le centre de la petite ville. L’air a une odeur étrange : je suis aux portes de la Camargue.
Mes amis habitent une maison tout en hauteur et perpétuellement en travaux.
J’entre.

Le petit chat blanc me regarde avec méfiance. Yo, le gros chat un peu moins blanc, se laisse couler le long d’un canapé et viens se frotter paresseusement à mes pieds. Dans cette maison il y avait aussi un chien mais il est mort dans l’hiver.
Les deux êtres humains de la maison m’accueillent enfin. Ils ont toujours de punch au frai. Du très bon punch. Comme il fait très chaud dehors je bois le premier verre comme si c’était du jus d’orange.
Je suis un peu saoul.

J’entends des piaillements dans le salon. Ils m’expliquent que c’est un bébé hirondelle. L’oiseau est au fond d’une boite à chaussure posé sur une étagère hors de la portée des chats. C. veut absolument me la montrer. Je lui dis que ce n’est pas la peine.
Elle ne m’écoute pas.
Je me crispe.
Elle descends la boite, l’ouvre et prends dans sa main une petite chose noire pleine de plume.
« Regarde comme céti pas choli ! »
Je regarde le truc en faisant une grimace. Mon dos devient moite en quelques secondes. Je crois que je préfère les oiseaux morts. Je pense d’un cou à la pie bouffée par le chien de M.E. Je me souviens l’avoir jeté dans les poubelles de la résidence. Est-ce que mes jambes tremblaient ?

C. repose l’oiseau dans sa boite. Elle me dit qu’elle en a marre car ça fait un moi qu’ils s’en occupe, qu’ils lui ont fait une attelle, qu’il va beaucoup mieux mais qu’il refuse absolument de s’envoler.
Je lui dis que les jeunes quittent le cocon familial de plus en plus tard aujourd’hui.

M. a préparé une omelette aux champignons accompagnés de courgettes. C’est délicieux.
J’ai oublié le vin.

Nous regardons un film ( soi-disant) d’épouvante. Ce n’est pas un grand moment de cinéma. La seule chose qui me donne des sueurs froides c’est le piaillement de l’oiseau dans sa boite.
Si j’étais un chat je trouverai un moyen d’atteindre l’étagère.



Il y a quatre jours je vais à P-L-F en vélo. En arrivant à l’entrée de la station balnéaire je veux changer de vitesse mais la chaîne se bloque et, comme je force, le dérailleur se tord. La chaîne finie par casser me laissant en roue libre… beau gadin.

Le soleil n’est qu’une cascade de feu. Après avoir jeté rageusement le vélo sur le gazon du rond point je me pose sous les palmiers plantés en son centre. J’ai l’impression d’être à Dakar, à Lomé, à Kingston….
Et puis je m’aperçois qu’il y a, a coté de moi, le cadavre d’un oiseau. Ses ailes sont repliés et sa tête est tournée sur le coté. Les yeux ont déjà été mangés par les vers.
Les vers, petit à petit, démontent l’oiseau comme les ouvriers démontent un échafaudage ou une barre d’immeuble vétuste mais qu’on ne peu pas dynamiter.
Les vers sont les anti-architectes.

Mon vélo est inutilisable. Je suis à onze kilomètres de chez moi.

Je suis entouré d’oiseaux vivants & morts.

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