lundi, août 29, 2005
les cahiers litteraires de l'ogre 3
1.
Il y six ans j’ai passé de longues soirées d’hiver enroulé dans une couverture avec l’homme que j’aimais. C’était son dernier hiver, peut-être que lui le savait déjà mais pas moi…
Nous étions rentré de Rome et, avant de reprendre le boulot, nous avions squattés une maison de campagne.
Le froid du dehors venait même nous mordre dans le salon. Nous étions la plupart du temps affalés sur le canapé prés de la cheminée. L’homme que j’aimais ne lisait jamais. Il s’en foutait mais pour moi c’était une tragédie. Je lui faisais donc la lecture. ..
C’est donc dans une maison de campagne glaciale que je lui ai lu Belle du Seigneur d’Albert Cohen. Ce livre, comme le Roi des Aulnes de Tournier, a eu énormément d’effets sur moi. Au fond de moi je crois que se sont les conditions de lecture qui m’ont fait autant aimer Belle du Seigneur.
C’est pour cela que je n’ai jamais essayé de le relire ni de lire d’autres textes de Cohen.
Quand je parle littérature avec des amis ils me disent à chaque fois : « Mais comment ! Tu n’a jamais lu Le Livre de ma Mère ! »….
La semaine dernière un client me voyant lire, m’a glissé dans les mains un papier ou il avait écrit les titres de deux livres qu’il fallait absolument que je lise. Le premier était Confession d’un Porte Drapeau Déchu d’Andreï Makine et le second était le fameux Livre de ma Mère.
J’ai levé un sourcil…
Je ne suis pas superstitieux… mais était-ce un signe ?
Je suis donc allé me procurer les deux bouquins chez le libraire d’occasion.
J’ai faillit refermer « Le Livre de Ma Mère »très vite tellement les premières pages sont insupportables. Je ne connaissais personne aussi doué pour la lourdeur : les premières pages sont une énorme plainte suite à la mort de la mère de l’auteur.
Et, c’est bien connu, quand on perds sa maman on mets des « ô » et des « ah » à chaque début de phrase. Apparemment quand nous sommes vêtus de grand deuil on dit « rieuse adolescente » au lieu d « adolescence rieuse » et surtout on parle à son stylo en disant « somptueuse, toi, ma plume d’or, va sur la feuille ».
Face à la mort d’une mère notre plume nous pose souvent des questions : « Qui dort ?demande ma plume. Qui dort sinon ma mère éternellement. »
Ouf__________ aux secours !
Et puis tout rentre dans l’ordre vers le troisième ou quatrième chapitre.
Des livres sur les mères il y en a plein mais celui là doit être un des meilleurs.
Comment peut-on écrire la mère après le livre d’Albert Cohen ?
Comment peut-on parler de son enfance après Mort à Crédit de Céline ?
Plus on avance dans le livre plus cette mère devient belle et touchante malgré tout les défauts que son fils lui trouve. Au fur et à mesure des chapitres l’écriture est sobre et les chapitres deviennent plus court. C’est une course vers l’essentiel. Je crois maintenant me souvenir qu’il y avait aussi ce « mouvement » dans Belle du Seigneur.
Je n’ai pas de rapport froid avec ma mère, bien au contraire mais nous avons quand même du mal à communiquer. J’aimerai bien pouvoir parler d’elle de cette manière. J’aimerai bien pouvoir lui dire tout l’amour que j’ai pour elle pendant qu’elle est encore vivante.
Ce livre est quand même une claque.
Je crois que l’homme qui m’a donné le papier avec les titres des bouquins devait être entrain de se taper un « trip souvenir » car La confession d’un Porte Drapeau Déchu parle aussi de l’enfance. Andreï Makine y livre ses souvenir d’enfance en Unions Soviétiques.
L’écriture m’a bluffée : je me suis dis que c’était vachement bien traduit alors j’ai chercher le nom du traducteur…. Ce gars là écrit directement en français ! Il est prof à la Sorbonne mais son style est simple et les mots semblent courir le long des pages. Ce qu’il décrit dans le bouquin semble a des million d’années lumières de nous pourtant c’était juste les années cinquante en Union Soviétique et ce qu’il y a vécu et à la fois intime et universel.
Je ne voulais pas lire « Le Testament Français » car j’ai pour habitude de bouder les Goncourt ( même celui des lycéens) mais je crois que je vais le mettre sur ma liste de lecture.
2.
J’aime bien faire, de temps en temps, la dinde littéraire :
Enfin c’est la rentrée et qui dit rentrée dit rentrée littéraire.
On va encore nous bassiner avec un tas de bouquins que nous ne lirons que dans un an, le temps qu’ils sortent en format poche.
Je regarde fébrilement dans les listes… je suis déçu car ma pote Christine Angot ne publie rien cette année.
Je remarque qu’Amélie Nothomb nous sort encore un livre. Mais qui lit encore Amélie Nothomb ? ( ah oui…tant que ça !!!)
Le sujet promet d’être polémique. ( en même temps c’est Télérama qui dit ça…)
Nothomb est vraiment la pompe à fric d’Albin Michel. J’aime beaucoup certains de ses romans mais je trouve qu’elle publie trop.
Elle aurait put publier les trois derniers livres (avant Biographie de la Faim) en un seul volume car séparément ils ne valent pas les quinze ou dix-sept euros demandé par le libraire lors de leurs sorties.
Christophe Honoré, ma star à moi, est présent lui aussi. Par contre j’ai beau éplucher les journaux mais personne ne parle de son livre…Je suis allé le palper et le renifler dans une librairie mais je ne l’ai pas ouvert. Je n’ai pas lu non plus les extraits proposés dans le supplément des Inrockuptibles.
Il va falloir que je me le fasse offrir.
J’ai aussi lu le nom de Marie Darrieussecq quelque part.
Mais comment se remettre de la joie de Truisme et de Bref Séjour chez les Vivants ?
Comment se remettre de la déception de White?
Bien sur il y a aussi Michel Houellebecq que j’aime bien. Ce n’est ni un génie ni un escroc. C’est juste un bon écrivain qui écrit de vrai romans classiques. Par là je veux dire qu’il écrit comme un romancier du dix-neuvième siècle, avec le même type de rythme dans la phrase.
Ce qui me fait chier c’est le battage médiatique autour du personnage de Houellebecq. Pour lire son bouquin il va falloir résister à l’avalanche du plan média de Fayard.
Cette année pas de Florian Zeller ou autres têtes à claques pré pubères et bcbg.
Tiens…il y a Campus ce soir sur la deux.
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5 commentaires:
Mon cher Ogre, je lis religieusement tes conseils littéraires, moi qui ne suis pas un puits de science dans ce domaine (pour info, cet été je me suis seulement mis à lire "1984" un grand classique pas mal fichu d'ailleurs).
Tu parles de livres sur la mort de la mère ; moi j'ai lu le récent "Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi" de Mathias Malzieu (leader de Dionysos).
Comme je connais un peu la petite bande, j'ai lu son livre par curiosité et je dois dire qu'il m'a beaucoup touché...
Son style est simple mais il fait mouche, et pour tous ceux qui sont proches de l'univers de Tim Burton, le rapprochement n'est pas gratuit car Mathias apprécie beaucoup le grand homme...
Un homme qui te glisse une liste de livres à ton boulot, c'est pas banal ça!
De gros bisous Monsieur L'Ogre!
on m'avait toujours dit que le livre de Mathias Malzieu sur sa mére (morte un onze septembre...je suis tellement people parfois) était un peu maladroit, un peu bancal....mais bon... si tu le dit...je vais le rajouter à ma liste de lecture.
j'ai écouté, début aout, des extraits pirates du nouvel album... nettement mieux que western sous la neige ( même si la découverte de la voix de la nana me pousse à devenir hétéro) et aussi bien (et rock)que les deux albums live.
Dyonisos (comme bjork et noir
désir) se radicalise au fil des années et ça c'est cool.
Biz ( à toi, à lui et à tout les graçon de lyon)
Christophe Honoré... ses bouquins sont-ils plus intéressants que ses films ?
Pour le Houellebecq, je crois avoir vu que le tirage étaient de 200 000 exemplaires, ce qui est énorme. D'ou le battage médiatique, qui a commencé il ya bien longtemps déjà. On va en bouffer du Houellebecq. M'en fout, j'attend la parution en poche.
Je suis curieux de connaitre le tirage du prochain Harry Potter. Tu parlais de pompe à fric pour Nothomb, HP c'est la pompe à fric de Gallimard (à 25€ le livre...)
comme il est méchant le monsieur Cre avec christophe Honoré!!!!!!!!!!!!!!!
ne lis pas ses livres si tu n'aime pas ses adaptations cinématographique de Bataille (george pas fontaine &...)
H.P c'est Harry potter ou le hardeur?
BONNE JOURNEE
J'ai parlé de 17 FOIS CECILE CASSARD ici. Et je n'ai pas vu le film adapté de Bataille. Et j'avoue que je ne suis pas curieux, même si j'aime beaucoup Isabelle Huppert. Mais je n'aime pas ce cinéma, ultra chichiteux et prétentieux. N'est pas réalisateur qui veux. Enfin, ce n'est que mon très humble avis...
HP, oui Harry Potter, le hardeur ce n'est pas HPG ?
Bonne journée à toi aussi !
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