vendredi, septembre 23, 2005

Le monde enchanté.

J’aime prendre le train entre Perpignan et Latour-de-carol.
Cette ligne traverse tout le département des Pyrénées-orientales d’est en ouest (ou de ouest en est !!!).
Y a-t-il paysage plus surprenant que celui de la vallée du Conflent. Plus le train s’enfonce dans le département plus les villages deviennent petits. La montagne se rapproche comme pour étouffer la voie de chemin de fer.

Le Soler
Ille sur Têt
Marquixanes
Molitg les bains
Thuès
Font Romeu
Bourg Madame
Ur les Escaldes

J’ai souvent pris ce chemin. Je me colle contre la vitre avec le discman dans les oreilles. Que faut-il écouter ? La B.O de Twin Peaks bien entendu !
Je pense aussi à la scène d’ouverture du Shining de Kubrick et, à « Monsieur le chef de gare de Latour de Carol », étrange chanson de Brigitte Fontaine.
Le train me protége.
Le train est ma carapace et je glisse vers un pays de légendes monstrueuses dominé par le Pic Carlit.
Je suis tellement heureux que je griffonne des mots de joie sur des bouts de papiers que je jette ensuite par la petite ouverture en haut de la vitre.
J’aime en début été prendre le train de 18h38 en gare de Vernet les Bain et en direction de Latour de Carol : le soleil descends pendant que je monte et il laisse un mélange de couleurs et d’ombres sur la montagne.
J’aime prendre ce train en hivers pour être d’un coup encerclé par la neige. J’écrase violemment mon front contre la vitre jusqu'à ce que le froid me fasse comme une pointe dans le cerveau.
J’aime bien la neige de loin.
J’aime la neige quand elle est de l’autre cotée de la vitre.

Je n'aime le train qu’ici.

J’aime aussi la micheline qui amène les voyageurs de Carcassonne à Couiza via Limoux mais l’atmosphère qui entoure le voyage est moins forte, moins tremblante.
Je me souviens avoir un jour pris le train reliant Lyon et Genève.