dimanche, juillet 23, 2006

avigon 06 ( acte premier)

un samedi dans la fournaise d’avignon. L’Ogre a mit plus de temps pour sortir d’Ogreville que pour faire le trajet jusqu’a Avignon. L’Ogre a une chance de cocu, il trouve une place direct à l’ombre, dans une zone oubliée des parcmètres.


Avignon comme un pèlerinage depuis 91/92. Avoir l’impression de reconnaître des festivaliers dans la rue. L’ogre s’amuse à classer les festivaliers dans trois ou quatre sous groupes. Devoir aussi dire bonjour ( ou du moins sourire) les quelques fois ou il croise tel ou tel membres de telle ou telle compagnie régionale.


Etre avalé par Avignon. Ce n’ est pas le festival de la ville mais le festival, chose vivante, qui a kidnappé une ville. Etre surpris chaque année malgré les mêmes artifices, la même agressivité de l’affichage, des parades, des cris et de la musique des rues.


A son arrivée l’Ogre passe par l’office du tourisme ( les deux programmes du Off ) et au Cloître Saint Louis ( maison du In). Il repart dans les rue d’Avignon avec dix kilos de papier. Après une promenade colorée il s’affale pour éplucher les programmes. Il arrêtes vite se disant que Les Carnados trouveront bien un truc a voir.


L’Ogre, rue de la République, rentre dans le musée lapidaire. L’ogre passerait sa vie dans les musées lapidaire de France……


Mec sans age. Très beau et tête bizarre….. une rondeur presque parfaite (nez, bouche, yeux, crane).L’Ogre le croise près des chiottes collés au théâtre municipale. Le mec n’a pas un seul regard, pas un seul sourire ou tressaillement alors que l’ogre essayes de s’ouvrir un maximum. That’s life.


Retour au Cloitre Saint Louis. Tout y est calme. J’attends les Canardos. Le temps qu’ils arrivent l’endroit est rempli par une conférence bruyante, élitiste et sentencieuse. De loin l’Ogre reconnaît Goopil, un des Canardos, qui est plus que grand et qui porte un t-shirt orange.

Ca fait pile un an que L’ogre ne les a pas vu. Ils s’étaient croisés lors du dernier festival près du glacier du bas de la place de l’Horloge. L’Ogre et l’Arlequin avaient le nez dans de grosses glaces dégoulinantes.


Feuilletage de programme, ricanement au noms de certaines compagnies ou titres de certaines pièces…. Qui est pour ? Qui est contre ? Oui____Non. Pourquoi pas ?


L’affrontement est une pièce de 1981 écrite par l’américain Bill C. Davis. Je crois que le titre anglais est « Mass appeal » et qu’il y a eu une version pour le cinéma ai milieu des années 90. L’adaptation française est de Yann Pia. L’Ogre se demande bien ce qu’il y a adapter. C’est typiquement du théâtre américain des années 80 avec tout ce qu’on fait encore et tout ce qu’on ne fait heureusement plus ( je vous rappelle que l’ogre est le chef de la police du bon goût du théâtre mondial).
Dans la pièce le Révérant Farley , vieux prêtre alcoolique de la très vielle église catholique apostolique et romaine est très aimé de ses paroissiens car il réponds à leurs attentes et fait tout pour les caresser dans le sens du poil. Arrive un élève séminariste, Dolson, qui fout un peu la pagaille dans la tête du vieux en mettant sur le tapis les idées libérales de la nouvelle église ( homosexualité & mariage des prêtres) mais surtout de nouvelles manières de questionner la foi.
Le décor est très ( trop) réaliste ( version kitch) façon série américaine, la piéce est très (trop ?) écrite et très ( trop ?) didactique. Le jeu des acteurs est bon et propre…. C’est à dire que c’est très télévisuelle. L’ogre trouve qu’on ne devrait pas jouer à la télé et au théatre pareil mais vu que la pièce est américaine c’est très dur de faire autrement vu leur culture. Il n’y a que Tony Kushner ( Angels in america) qui a réussit à imposer une écriture personnelle et bien loin du monde américain de la télé.
Pour l’Ogre les deux visions de l’église s’affrontent mais de façon très retenue. La seule vrai intelligence de la pièce c’est de conforter, au début, le spectateur (moderne et athée) dans sa vision un poil monolithique de l’église traditionaliste , pour après le montrer que les choses sont moins simples qu’il n’y paraît, que même sans les prêtres « révolutionnaires » la vielle église est toujours en débats ( même si ce n’est pas les bons).
L’ogre ( monstre d’athéisme) est toujours surpris de voir que les questionnements religieux rejoignent presque toujours les doutes et les débats des mécréants).
Bon moment tout de même et bon casting ( le bon casting est un don, un mystère, une alchimies entre acteurs… en sommes un truc quasi religieux !)
La même compagnie joue, forcement dans un autre créneau horaire, Comédie sur un quai de gare ( et non sur un quai du Gard AH AH ! ( c’est le petit matin L’ogre a parfois des éruptions de débilités profondes….)) de Samuel Benchetrit . Peut-être que l’ogre iras voir…

Avant d’entrer dans la salle les spectateurs sont parqués dans une sorte de couloir qui devrait favoriser les courants d’airs mais, le ciel et les éléments étant dramatiquement immobiles tout le monde étouffe. D’un coup un vent, d’abord tiède puis froid, s’engouffre dans le théâtre et les spectateurs observent, sur leurs gauche, la clarté d’un petit jardin s’assombrir par paliers.
L’orage éclate pendant l’Affrontement. Tonnerre, bruits de la pluie sur le toi… L’ogre adore…. Même pendant une représentation. Cela va rafraîchir la ville mais quelques heures plus tard, les pierres de la ville et la terre des jardins et des berges du Rhône vont vomir toute la pluie reçue sous la forme d’une humidité tropicale qui attaque d’abord les jambes pour ensuite plaquer les t-shirts sur les bourrelets de nos torses déjà ruisselants( ouf, fin de la phrase)


Après la pièce et après la pharmacie, Les Canardos et l’Ogre squattent une petite terrasse pour se restaurer un bout. Le serveur a une tête de niai et il aime éclater les verres entre la table et les genoux des clients.

L’ogre est un amoureux de Copi. L’écriture est follement désespérée et les thèmes sont obsessionnelle et obscène.
L’ogre est autant en admiration devant le baroque d’Eva Peron ou des Marches du Sacré Cœur que devant les irruptions verbales et angoissantes des tours de la Défense ou des Quatre jumelles.
Frustré de n’avoir pas eu de place pour les Copie ( qui veut dire poulet en argentin) du In, l’ogre a entraîné les Canardos pour aller voir l ‘homosexuel ou la difficulté de s’exprimer dans le off. Vu le nombre des partenaires artistiques et financiers de la pièce l’ogre a cru aller voir un bon spectacle.


Mais bon…. Actrices ( trop jeunes) et au talent inégale. Il est dur de se concentré sur une pièce quand l’une des comédiennes prends toute la place ( outstages en anglais) et écrase les autres.
Soit il faut que des nuls ou que des bons. Le fait qu’elles soient jeunes ont donner l’impression à l’Ogre qu’elles jouaient à jouer du Copi. Le joyeux bordel et l’exubérance des scènes ne laissaient pas au spectateur la possibilité d’entrevoir les enjeux sordides et les vies désespérées que veut nous faire partager l’auteur. Pendant toute la pièce l’ogre a eu du mal à voir la souffrance du pédé, la gravités des enjeux autour de sa personne et sa lente agonie. L’agonie, dans cette mise en scène, est brutale, dans une scène finale plutôt bien réussi.
Les plus du spectacle ? La mine dubitative de Chris et celle mi ennuyée, mi en colère de Goopil.

· Bon il est tard ….Au revoirs près de la gare ou les feux pour piétons parlent et font de la musique.


Comédie sur un quai de gare de Samuel Benchetrit, Julliard
Les Quatre jumelles, Loretta Strong de COPI, Éditions Christian Bourgois
La Tour de la Défense, La Pyramide de Copi,Éditions Christian Bourgois
Eva Perón, de Copi Éditions Christian Bourgois

L'Homosexuel ou La difficulté de s'exprimer de Copi Éditions Christian Bourgois
Les Escaliers du Sacré-Cœur Théâtre 2 [Contient : La Pyramide — Le Frigo — Les Escaliers du Sacré — La Nuit de Madame Lucienne].de Copi. Editeur U.G.E.
L’affrontement « Mass appeal » de Bill C. Davis. Aucune info
Angels in Amerca de Tony Kushner chez TCG pour la version originale et l’Avant Scène pour la version française sans oublier la bonne série chez HBO.

Voici un petit exercice de « blog crossing » sans deuxième blog puisqu’il s’agit d’un texte écrit par les Canardos (qui n’ont pas de page perso ni de journal intime électronique) sur notre journée commune.

Les Canardos et L’Ogre se voient occasionnellement ce qui rend leurs rencontres d’autant plus précieuses. La dernière date du 17 juin 2005 au détour d’une rue d’Avignon en pleine période de festival.
En cette année 2006 l’envie de se faire un spectacle ensemble pendant le festival s’est manifestée et nous avons pris date pour le 15 juillet soit presqu’un an jour pour jour depuis notre dernière rencontre…

Le Dieu Key d’Avignon s’est montré hostile à vouloir nous trouver des places pour le IN car malgré nos appels répétés, aucun spectacle n’était disponible ! Tampix, nous trouverons bien de quoi nous rassasier dans le OFF.

C’est un samedi donc, et les Canardos sont à la bourre comme d’hab. Rendez-vous est pris au cloître Saint-Louis. L’Ogre nous attend, il est mimi et happy comme tout ; on dirait qu’il a rapporté la mer d’Ogreville dans ses yeux tellement ils brillent.

Nous réservons 2 spectacles puis nous entamons une déambulation à travers les rues. Il fait chaud voire très chaud. Cette ville est un four. Si le théâtre ne fait plus recette dans les années à venir, la ville pourra toujours organiser un festival de la brioche ou de tout autre viennoiserie car les remparts nous renvoient cette chaleur insupportable.

Nous faisons une halte au tutti-frutti, passage obligé pour les canardos quand ils viennent au festival. C’est une baraque où l’on vend des cocktails de fruits et légumes pressés tenue par un jeune vieux gay avenant, qualité non négligeable pour un commerçant. Il emploie toujours de jeunes éphèbes qui ruissellent de sueur tellement la baraque est petite, mais c’est pas grave ; on se sent bien accueillis et les cocktails sont bons. Pas le temps de trop discuter cette année, juste assez pour vérifier que tout est toujours en place.

Nous trouvons le 1er lieu : il s’agit du Théâtre de L’Alizé ; nom qui rappelle notre Corse oubliée, qui a + de 20 ans maintenant et qui a percé le mystère des courgettes sous la couette depuis longtemps !

La pièce s’appelle L’Affrontement de Bill C. Davis et elle est mise en scène par Sébastien Bernard qui joue en compagnie d’un acteur âgé qui ressemble à un vieil acteur américain sortant de la Petite maison dans la prairie ; ça tombe bien ça se passe aux States.

Il s’agit donc de la confrontation entre un prêtre qui a roulé sa bosse depuis plus de 40 ans, alcoolique sur les bords et un jeune séminariste qui voudrait révolutionner l’Eglise en ce qui concerne le droit de prêtrise pour les femmes et la reconnaissance de l’Homosexualité comme une forme d’amour. Joli programme donc. Le jeu est correct mais pas transcendant et on se laisse embarquer par ce duo même s’il y a des relents de bons sentiments et de morale US, agaçant forcément.
Mais on pardonne les faiblesses car Sébastien Bernard est jeune et assez séduisant, il ressemble à Marc Lévy. L’Ogre lui, le compare à Michael Youn, nettement moins glamour je trouve ! Nous sommes assez contents de ce 1er spectacle pour une impro de dernière minute c’est pas mal. Les spectateurs ont l’air aussi séduits ; il faut dire que ce sont soit des jeunes vieux gays, soit des couples de vieux ! (pour la plupart) Voire les 2 !

Il a plu pendant la pièce et il fait bon maintenant, les rues ne sont plus étouffantes. Des gouttelettes nous caressent, c’est même agréable.
Nous trouvons un petit coin pour manger et discuter un peu. Ce qui est bien avec l’Ogre c’est que c’est un peu comme si on s’était quittés la veille et qu’on peut parler de tout, que ce soit sérieux ou franchement superficiel ! Moment agréable et finalement assez court.

Nous voici en route pour le second spectacle au Gilgamesh Théâtre. Nous sommes accueillis par un jeune brun bouclé au look d’apôtre de Jésus, a priori gay donc ou juif…
La pièce s’intitule L’Homosexuel ou la difficulté de s’exprimer de Copi. Nous ne sommes pas familiers de l’auteur mais apparemment la chose troublante de la pièce est que ce sont des actrices sur scène alors que ce sont des hommes d’habitude.
La pièce commence et il nous faut à peu près 2 secondes pour comprendre que nous avons atterri dans un univers complètement irrationnel perdu au milieu des steppes de Sibérie. C’est difficile de trouver des qualificatifs car le jeu est volontairement marqué (« Madame Simpzzzzzzzôn ») et l’on pousse des fous rires presque involontairement mais c’est beyond our control comme dirait l’autre. Rires et trash sont mélangés ; un baiser fougueux va se conclure par un tirage de langue assez étonnant (mais comment ont-elles fait en répét ???) ; la vodka locale est du produit lave-vitres et l’on fait caca des fœtus, brrr.
Au final et après réflexion, ce fut un bon cocktail : sérieux pour commencer et déjanté pour conclure.
Nous n’avons pas vu les pièces du siècle mais nous avons passé un bon moment c’est l’essentiel.
Un dernier mot sur les prix qui ne cessent de s’envoler c’est carrément dommage ; maintenant il faut débourser 15 euros dans le off, ça commence à faire cher… surtout quand on voit certains spectacles proposés.

Rendez-vous pris pour l’année prochaine !
Ah non il faudra trouver de nouveaux créneaux !!
A quand le festival de la brioche à Ogreville ?
Les Canardos

1 commentaire:

Brigetoun a dit…

c'est tout de même la fin ou presque, un peu mort, spectateurs et troupes un rien épuisés de chaleur et pour les premiers de choix qui sont toujours un peu alléatoires. La vieille femme que je suis découvre à travers vos yeux le côté éphèbe des êtres rencontrés au hasard des rues