mercredi, octobre 11, 2006

Elle fait la moue Salomé



Elle fait la moue. Je ne l’ai pas vu sourire de toute l’après-midi.
Son regard est souvent vide, elle regarde peut-être à travers ou peut-être derrière les choses que nous, communs des mortels, nous voyons. Elle n’est pas si petite que ça mais extrêmement fine. On pourrait la croire fragile avec sa peau très blanche et ses cheveux noirs mais son regard qui ne se pose sur rien de connu nous la révèle forte ( peut-être même agressive ?).
Elle n’as pas la carrure de son père ou l’arrogance et la nonchalance de ses grands frères.
Je n’arrive pas a donner un age à cette fille.
Elle me fait penser a Romane Bohringer, Charlotte Gainsbourg, il y a 15 ans…le même genre de rôle, la même tête boudeuse ou ennuyée.

Elle fait la moue. Je ne l’ai pas vu sourire de toute l’après-midi.
Est-elle un brin hautaine ? Méprisante ?
Je ne sais pas. Je m’en fiche un peu car je passe une bonne partie de l’après-midi a subir un coup de barre qui me plonge un peu dans le cotton.

Elle fait la moue. Je ne l’ai pas vu sourire de toute l’après-midi.
C’est aussi normal… elle est comédienne, le temps est long entre les prises, ce non regard est peut-être un signe de concentration. Ce non regard est peut-être le seuil de son jardin d’émotions d’actrice qu’elle protége.
Il paraît que même moi, avant de monter sur scène je semble être absent….et surtout je ne comprends pas ce que disent les gens autour de moi.

J’ai passé l’après-midi de mardi sur le tournage d’un moyen métrage mettant en scène Salomé Stevenin et « une blonde qui fait beaucoup de téléfilm ».
Les scènes tournés se passaient en boite de nuit donc techno à fond, fumées et stroboscope de midi à sept heure du soir. J’adore….
Nous ne sommes pas beaucoup de figurants et c’est un problème car la boite de nuit est énorme. Je fais une « ombre floue » dans la première scène tournée et un personnage un peu plus visible ( mais ou fait qu’est-ce que j’en sais) qui traverse gaiement la scène pour inviter a copine a danser dans la seconde. Entre les deux, une scène ou je n’ai pas compris le sens de mon déplacement.
Sachant que le nombre de figurant allait diminuer au fils des heures la metteur en scène décide de d’abord tourner les plans larges puis ensuite les plans serrés. C’est chiant et long car il faut replacer deux fois la caméra au même endroit et reprendre les mesures et le réglages. Mais c’est vrai qu’a la fin nous sommes bien seuls dans cette immense boite.
Je crois que l’équipe c’est un peu trompé en nous replaçant pour les raccords de scènes mais qui le remarquera en plans serrés et surtout vu l’action des deux actrices.
De quoi ça parle ? Je ne sais pas exactement. Une fille en branche une autre dans une boite et l’embrasse violemment en la couchant sur une sorte podium au milieu de la piste de danse.
Je sais que le reste est tourné dans une maison du bord de mer à Martigues.

Il faut, a un moment, entendre les petits cris de surprises et de plaisirs des deux comédiennes. La scène commence avec la musique à fond pour nous donner le rythme puis c’est le silence total et nous continuons à danser. Pendant cinq minutes les figurants dansent dans le silence et l’immensité de la boite de nuit troublés par les couinements de Salomé Stevenin et de « la blonde qui fait beaucoup de téléfilm ».
Le rythme des prises s’accélère d’un coup, Salomé jongle avec des pommes oubliées à la pause déjeuner.

Je suis assez déçu. Je suis loin d’elles lors des mises en places et je ne comprends pas tout ce que dit la metteur en scène. Je voudrais bien les regarder travailler.
Lors des répétions je n’ose pas m’approcher, par pudeur, la scène étant assez « chaude ».
Je le regrette aujourd’hui car ça n’avait pas l’air de gêner les autres.

Elle fait la moue. Je ne l’ai pas vue sourire de toute l’après-midi….. Ça s’appelle être vide, être émotionnellement disponible, être dans l’abandon. C’est pour ça que je suis mauvais comédien. Je n’ai pas ce talent, cette faculté d’être émotionnellement disponible et d’abandonner mon besoin de contrôle.
Dommage.

Ce que j’aime en figuration c’est que le rapport à l’autre est complètement déglingué. Je me suis retrouvé assis près du bar, une grande et jeune brune à ma table ( celle qui allait devenir « ma copine » plus tard) pendant deux heures.
Pendant et entre les prises nous nous sommes pas mal raconté nos vie et étrangement des bribes de choses qu’on ne raconte pas à tout le monde.
J’ai vu cette brune au nom un peu niais se transformer en psychopathe au fil de notre conversation.
Elle est jeune étudiante en psycho-socio et avoue ne pas avoir envie de vivre pour se concentrer sur la vie des autres. Elle a un cercle d’amis mais c’est un chose purement pratique, elle ne les estime pas mais elle a peur de s’ennuyer si elle venait a arrêter de les voir….

La seule chose ( de vieux con) que j’ai pu lui dire c’est que certains événements de la vie la forceront un jour ou l’autre à sortir de sa passivité et de sa contemplation. Elle m’as dit aussi ne pas pouvoir rencontrer quelqu’un sans le classer dans un « cercle » ou « tribu ».
Je me suis d’un coup sentis cobaye….
J’ai du être catalogué chef de la tribu des jeunes trentenaires à la dérive.
PS:a chaque fois que j'ai fais de la figuration soit la scène a été coupée soit le film n'est jamais sortit

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour. Mais cette blonde qui fait baucoup de téléfilms, on la connaît ?

El ogro a dit…

justement non... sa tête ne me reviens pas...Peut-être que je ne regarde pas assez de "téléfilms avec des blondes dedans".
Elle avait une tête très masculine.

Brigetoun a dit…

elle devrait abandonner la psycho et encore plus la socio, ou peut-être est ce la distance nécessaire ? drôle comme on en dit toujours plus (en mentant et posant un peu) aux inconnus. Passionnant et bien écrit

Anonyme a dit…

Amanda Lear! J'ai la même en Italie. Ba d'ailleurs je crois qu'c'est elle...Bises bises.