mardi, juin 28, 2005

engourdi mais émerveillé ( deux)



Dimanche matin entre deux sommeils et le boulot l’Ogre est allé se vautrer à la plage. L’endroit est loin d’être désert mais il arrive à trouver un coin tranquille.
Il n’était pas encore midi mais le soleil était déjà de plombs et l’ogre avait un (très très) bon bouquin entre les mains. Que demander de plus ?

____________ Soudain arrive un groupe de jeunes allemands. L’Ogre croit un moment qu’ils sortent de nulle part mais très vite il aperçoit l’énorme car garé derrière les dunes.
Ils se posent.
L’Ogre les compte.
Ils sont trente trois !

Le bord extérieur de leur campement est à même pas un mètre de la serviette de l’Ogre. Ce dernier est allongé sur le ventre et ne perds rien de cette impressionnante installation : des serviettes, deux ou trois parasols, autant de glacières, et un ghetto-blaster qui joue une soupe inaudible.

Ils doivent avoir entre dix-sept et dix-huit ans. A cet age là c’est catastrophique, il y en a qui ne ressemble encore à rien puis d’autres qui sont de véritables bombes. Certains de ces garçons et de ces filles ont des corps magnifiques mais sont encore complètement empêtré dedans.
Ils s’entourent de leur serviette pour mettre leur maillot et comme l’ogre est allongé par terre il est au première loge pour le spectacle.

Les filles ont plus de problèmes de poids que les garçons mais leur peau est nettement plus belle.
Elles ont aussi des visages nettement plus jolis que ceux des garçons.

Tout près de l’Ogre il y a aussi une fille avec un maillot de bain noir.
Elle est grosse et ne parle à personne. Son visage est assez fin mais très triste. Elle essaye de lire la couverture du livre que l’Ogre a posé sur sa serviette.

Ce voyage de fin d’année avec sa classe doit être un calvaire.
Depuis combien de temps sont –ils partis de Frankfort ou pire de Kiel ?
Combien d’arrêt, combien de visites ?
L’enfer est il programmé jusqu'à Barcelone ?
Et les travaux de la Sagrada Familia qui n’avance pas ?
Ce moqueront-ils d’elle quand elle avouera qu’elle à le vertige et qu’elle n’aime pas Gaudi ? (En règle générale l’Ogre brûle tout ceux qui n’aiment pas Gaudi mais il a pitié de cette jeune allemande et sera donc clément.)
Et le trajet retour ?

Malgré tout elle a osé mettre son maillot de bain. Elle ne parle à personne. Personne ne lui parle. Personne ne la regarde et elle ne regarde que le titre du livre de l’Ogre.
La Peste, Albert Camus….. Elle cherche mais n’a jamais entendu parler de ce bouquin.

Quand l’ogre retourne à sa voiture, il voit, à l’ombre du bus allemand, à deux pas de la nationale une fille plongée dans une bande dessinée.
La plage ne doit vraiment pas l’intéresser.
Elle fait la gueule, elle ne sait pas la chance et le plaisir de voyager.
Elle s’en fout de Barcelone et des grandes fresques sur les murs des centrales nucléaires qui bordent l’autoroute dans la vallée du Rhône. Elle ne s’imagine même pas ce que représente la vallée du Rhône pour des milliers de petits Parisiens au début des mois d’été.

Cette fille est peut-être seule car elle est détestée par ses camarades de classe. Elle est tellement chiante que même son unique amie, la grosse fille au maillot de bain noir, ne peut plus la voir.
Peut-être que c’est bien fait pour elle.
Peut-être que la classe entière attend qu’elle se jette sous les roues d’une voiture qui passe sur la nationale ?
Peut-être qu’elle va se jeter sous une de ces voitures ?
Peut-être que l’Ogre loupe une occasion de sauver une vie mais il ne parle pas allemand ?



Aucun commentaire: