lundi, avril 17, 2006

Petite voix & gros poisson

Nos corps de baleines
Depuis longtemps ne sont plus hors d’haleine.
Nos yeux gardent quand même l’infime reflet vitreux d’après l’amour.

Malika n’essayes pas de me rallumer
Malika me demande de lui lire un poème de Ginsberg

Petite voix:
Elle joue à la petite fille quand elle me dit : « tu voudrais pas, s’il te plait, si ça ne te dérange pas, me lire un poème de la beat generation, tu serais un ange, mon amour."


Malika, s’il te plait, ne souligne pas trop le beat, car c’est rance et déjà vu.

Je ne peux pas bouger.
Je suis une baleine des grands fonds
Je suis nu sur le matelas.
Malika (celle qui est fine et élancée comme une baleine de parapluie) rapporte du salon l’anthologie de poésie américaine.

Pendant que je cherche la page elle enfile sa culotte mauve.


« Under the world there's pain, fractured thighs, napalm burning in black hair, phosphorus eating elbows to bone insectiside contaminating oceantide, plastic dolls floating across Atlantic, (…)
Under the world there's broken skulls, crushed feet, cut eyeballs, severed fingers, slashed jaws, Dysentry, homeless millions, tortured hearts, empty souls.
»


Le regard de Malika est ailleurs.
J’hésite entre agiter ma bite sous ses yeux et lui dire le nom du poème.

Dans le silence de la chambre je prononce : « under the world there is a lot of ass and a lot of cunt. »
….puis je me sens observé.


Sur le rebord de la fenêtre le chat du voisin regarde toute la scène
Il se lèche les babines à cause de l’odeur poissonneuse qui règne dans la chambre.
Il fixe maintenant mon corps de baleine.

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