dimanche, mai 21, 2006

Malika Pages est morte très tôt ce matin.







Malika Pages est morte très tôt ce matin.
Je n’étais pas encore couché. Je suis rentré du Del Mon Bar vers les deux heures du matin et j’ai commencé a me laver les dents quand j’ai entendu un claquement, un bruit sourd puis une sorte de déchirement spongieux.
J’ai posé la brosse à dents sur le rebord arrondi du lavabo pour aller dans la chambre ouvrir le volet.
Dans l’obscurité orange du dehors j’ai vu Malika empalée sur la grille d’entrée de la résidence. Tout était silencieux.

Malika Pages tombée du troisième étage !
J’ai un peu hésité et je l’ai enfin questionné : « Malika, t’es morte ? »
J’ai enfilé un caleçon et je suis sorti en laissant ma porte ouverte dans le couloir noir. J’ai attendu un peu, près de la porte qui mène aux étages, que son mec arrive en hurlant.
Mais rien…..

Je suis sorti et j’ai grimpé le petit muret pour être à la hauteur de la grille, à la hauteur de Malika. Ses cheveux flottaient, sa tête était en arrière comme si elle était portée par d’invisibles mains de géant.
J’ai l’impression d’être tout petit à coté de se corps suspendu et allongé. J’approche mon visage très près pour voir a quoi ressemble un cadavre récent.
Et puis je réalise qu’un cadavre neuf j’en ai déjà vu et je sais que c’est comme une poche d’air, plus ou moins déchirée, qui se vide plus ou moins vite.
Je mets mes doigts dans sa bouche et dans son nez.
J’en retire une pâte complexe faite de sang, de morve, de lymphe. Il doit sûrement aussi y avoir du porto ou du rhum. De la coke aussi…..

Après avoir bien regardé se mélange de Malika je me le fourre dans la bouche.
Trop sucré.
Je recrache tout et descends de la grille.
Le corps de Malika Pages s’embroche de plus en plus. Elle glisse lentement le long des tiges en fer.
Avant d’aller réveiller son mec qui dort profondément je fredonne une chanson apprise lors de mon dernier voyage au Mexique :

Estas son las mañanitas
Que cantaba el Rey David
A las muchachas bonitas
Se las cantaba así

Despierta, Malika, despierta,
Mira que ya amaneció,
Ya a los pajaritos cantan,
La luna ya se metió.

J’ai monté les étages et j’ai sonné au 24.
Il est venu m’ouvrir en slip. J’ai senti mon désir monté.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est grand...

El ogro a dit…

merci!