dimanche, juillet 30, 2006

esthétique du bras mort et de l'incendie





Deux jours la campagne.

L’Ogre remonte la rivière avec des amis, ils arrivent (triomphalement) dans le village par dessous le pont médiéval et longent les maisons-remparts qui trempent dans l’eau avant de ressortir au niveau de l’endroit ou les villageois ont aménagés un semblant de plage.

Depuis combien de temps l’Ogre n’avait-il pas fait cette balade ?
L’Ogre marche dans le lit de l’Orbieu et plus rarement il nage. Le cour d’eau est presque a sec sauf à certains endroits ou les trous d’eau sont noirs, profonds et froids. Les cailloux roulent sous les pieds, les chaussures se remplissent de gravillon.

Les poissons sont surpris.
Les barbots*nous évitent en dessinant de grands arc de cercle pour se réfugiés sous la végétation qui déborde de la rive.

L’ogre aime bien l’esthétique des bras morts, ces endroits ou la rivière semble se terminer dans la vase et les branchages. L’eau, qui d’habitude est conquérante, se retrouve d’abord désorientée, puis prisonnière de la terre et des cailloux qui l’étouffent peu à peu.

Hier c’était le retour.
L’ogre reste un temps allongé sur son matelas avant de partir au boulot. Comme un ado il voudrais juste mourir. Il voudrait surtout ne pas avoir vécu la campagne et Avignon pour ne pas y repenser plus tard et regretter ses jours là.

L’Ogre est un bras mort, un barbot*vautré, le bide à l’air sur un gros cailloux d’ou l’eau se retire au fur et à mesure de l’été.
Comment envisager de travailler ces quatre prochaines nuits et les deux jours qui vont les suivre après tant de tranquillité.

L’Ogre reste allongé, d’abord les yeux dans l’oreiller puis, après des efforts surhumains, son regard se perd dans le blanc du plafond.
Il veut quitter son boulot crade et partir sur la route, traverser l’Espagne à pied pour rejoindre le Maroc et se perdre dans le désert.
L’ogre hésite entre pleurer et mater une ou deux scène d’un des films porno stockés sur son ordi.

Et Puis ça passe et il s’habille pour aller taffer.

* barbot est le nom donné dans la région à la carpe.



Le premier jour de campagne, dans la plaine ( ou plutôt dans une partie un peu moins ondulée du canton ) un incendie s’est déclaré. Toute l’après-midi les canadairs sont passés pas très loin au dessus de nos têtes et, plus le temps passait, les autres unités du département sont arrivées à toute berzingue.

Sur le bord de la départementale les camions rouges, les voitures des locaux et les camping-cars des touristes s’emmêlent et se gênent.

(malheureuse) esthétique de l’incendie :


2 commentaires:

Brigetoun a dit…

j'envie l'ogre marchant dans l'eau. Dans Avignon vidée je suis aujourd'hui un poisson haletant dans l'herbe à coté du fleuve.
Et pour la dramatique mais merveilleuse esthétique des incendies ma jeunesse toulonaise m'a fourni une liasse de souvenir

Anonyme a dit…

il est vrai que cette malheureuse esthetique est troublante... :(