samedi, juin 03, 2006

6 jours ailleurs 3


épisodes précedents:
1:
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3.a
La nuit.
Je croise des gens ( des hommes surtout). Ils agissent sur cette obscurité. Tantôt leurs regards l’éclaire brièvement, tantôt ceux sont leurs pupilles qui semblent elles-mêmes créer les ténèbres.

3.b
Ils ont l’air tous pressés la nuit. Je suis le seul qui flâne un peu.
Plus on s’approche des quais et des rives plus ils ralentissent le pas.
Ils doivent chercher quelque chose là.

3.c
Eux je les croise.
Elles….Elles sont absente de la nuit.
Bannies des rues de la ville.
Ou alors elles sont putes ou vielles ou folles.
Je n’ai vu aucune pute.

3.d
Pour elle :
Nuit permanente du voile.
Enroulées dans une nuit de tissu.
Nuit de tchador noir. Impressionnant.
Je suis face à elles comme un enfant terrorisé par la nuit.
Je n’aime pas le voile noir qui cache la bouche pour ne laisser apparaître que le nez et les yeux.
Un triangle de peu.
Un triangle de peau. Visages triangles ( Darth Vador) qui cheminent dans les rues de Sultanahmet ou Eminonu.
Le voile me choque moins lorsqu’il laisse libre l’ovale du visage et qu’il joue un peu avec les couleurs.
Mais ici nuit. La nuit est masculine.

3.e
La nuit.
Les poissons comme les reflets argentés d’oiseau dans un ciel noir.
Les poissons écrasés sur les trottoirs du port ou des marchés dessinent des voies lactées d’écailles brillantes.
Les chats crèvent les poubelles pour y voler de la lumière morte.
Ecailles de poissons, œil de chats, lumière faible d’un réverbère…. Une boule a facettes a exploser dans cette nuit trop épaisse pour être celle d’une mégalopole européenne.

3.f
Contre quoi.
Sur quoi les turcs ferment-ils leurs fenêtres la nuit ?
Je n’ai jamais vu une ville avec autant de fenêtres et de volets fermés.
Ou peut-être n’y ais je jamais fait très attention.
La nuit j’ai toujours eu l’impression que les immeubles reflétaient les rues comme des yeux jaunes incandescents.
Ici rien de tel. Les fenêtres sont des trous noirs. La ville est aveugle, à tâtons au milieu de la nuit.
Istanbul noir !
Comme si la plus part des immeubles n’avait pas l’électricité.
La mosquée Bleue, Sainte Sophie…. Les monuments sont éclairés pareil aux stades les soirs de match. Des mouettes tournent toute la nuit autour des dômes.
Insectes voletants autour de gros seins arrondis.

3.g
En marchant la nuit :
Je voudrais être ailleurs alors que j’y suis déjà.



3.h
Artère lumineuse.
La rue Istiklâl.
Magasins de disques et de livres qui restent ouvert tard dans la nuit et des cafés remplis.
Samedi soir : Jeunesse occidentale de sortie.
Un homme me parle dans la rue. J’ai du mal a entendre tellement la musiques est forte.
Il est 23heures et je rentre dans une librairie.
Caresser des livres.
Ouvrir des livres de poches en Turc.
Suivre quelques lignes de cette écriture, alphabet très phonétique, des Ü, des ç, des Ö, des g avec des ^ renversés.
Aucuns sens. Ça défile.

Clarté du néon. J’en oubli que c’est la nuit.
Je parle best-sellers européens avec un grand vendeur un peu déglingué. Il doit aussi aimer toucher les livres. Il les ouvrent et les ferment tout en me parlant. Il laisse aussi glisser son autre main sur les livres posés à plat sur la table de présentation.
Il fume et les cendres tombent un peu partout. Il interromps un instant notre conversation et s’agenouille pour être au niveau des livres et souffle pour disperser les restes de sa cigarette.
Etrange et beau geste.
Je n’arrive plus à me concentrer sur la fin de la conversation.

3.i

Dans cette même rue les boites de nuits (ou bars) sont enfoncés dans de drôles d’entresols. Pas besoin d’attendre que la porte s’ouvre ou se ferme pour entre la musique.
Musique. Mélange. Musique.

Isiklâl.
Trop de néons forts.
Trop de couleurs criardes ou pastelles
Trop de cafés aux grands miroirs muraux et aux écrans plats.

Je tourne à gauche. Labyrinthe de rues mortes. Des dizaines de minutes avant de retomber sur un îlot de vie ou de simple lumière.
Dans les rues aveugles, qui gonflent ou s’affaissent, il n’y a que des chats et des trous dans le pavé.
Lumière et nuit : frontières évidentes
Silence de fin de nuit puis appel à la première prière du jour vers les cinq heures.

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