dimanche, septembre 24, 2006

L’habitat comme souvenir ( 3 / la maison ou est mort mon père)

Ce post est la suite d'une série commencée ici et au début de l'été.
il s'agit d'une déscription des lieux ou l'ogre a habité
.



1
Ce n’est pas la plus vielle maison du hameau mais c’est sûrement la plus laide, la plus grande et surtout la plus inconfortable.
Mais qui avait bien pu avoir l’idée de construire un herzat de manoir victorien sur une bande de terre séparant un étang visqueux et une plage méditerranéenne pleine de vide et de vent. L’arrière de la bâtisse est comme adossée à un gros cailloux gris couvert de mousses alors que la façade s’enfonce dans le sable a quelques mètre du rivage.
Depuis toujours, du fond de la terre, l’humidité pompe la maison.

A l’intérieur aucune tapisserie n’avait résistée plus de trois jours aux coups de langues humides des profondeur. J’ai longtemps essayé de dire à mon père qu’il fallait peut-être oublier la tapisserie et le crépis pour recouvrir les murs de chaux. Il ne m’as jamais écouté. Il semblait même bouleverser quand je lui soumettait cette idée. Je crois que pour ma famille cette tapisserie c’est un peu comme construire un barrage contre le Pacifique, un geste désespéré mais toujours recommencé.

Aujourd’hui encore et pour toujours les murs de notre maison Victorienne suent.

C’est là qu’il a grandi et qu’il a habité toute sa vie.
C’est là que j’ai grandi.
Je ressemble à mon père, nous avons le même regard terne, le même mutisme fiévreux et les même cheveux jaune sale, cassants comme des algues sèches.
Cette ressemblance est si frappante que je me demande souvent si mon père n’est pas tout simplement mon frère et que c’est cette maison obscène qui nous a portée puis vomi a quelques années d’intervalles.

2
Maintenant je suis de retour pour le voir mourir.
J’ai pris le train jusqu'à cette grande station balnéaire puis j’ai fait du stop jusqu’au hameau pour ensuite marcher sur le cordon de terre qui sépare les eaux mortes du salin et celles tragique de ce bout de mer don je me croyais propriétaire quand petit je jouais sur la plage devant la maison.
Mon père est bientôt mort et pourtant la maison est toujours debout, son architecture de baleine échouée résistant aux forces contraire de l’eau salée, de l’humidité et de ce rocher qui, d’année en année, semble vouloir l’absorber.

Le fer du butoir de la porte d’entrée est rouillé.
La rampe en bois de cerisier de l’escalier est froide.
Au deuxième étage les lattes du plancher sont gonflées et soupirent à chacun de mes pas.

Il est dans la chambre du fond. Celle don les fenêtres donnent sur le coté de la plage grise toujours dans l’ombre du gros cailloux. D’habitude cette chambre n’est pas habitée mais les râles et les grincements de mon père rendaient ma belle mère folle alors, avec l’aide du vieux docteur, elle avait poussée les objets bancales qui s’entassaient là pour dégager assez de place pour installer le lit médicalisé de mon père.

J’entre dans la chambre.
Le visage de mon père est tourné vers moi et il regarde dans le vide. Je m’approche jusqu'à sentir son haleine.
Je suis fasciné par ses yeux de poissons ou s’est étalée la cataracte. Je me rappelle d’un coup que mon père, depuis quelques années déjà, est quasi aveugle.

Il est tout maigre, noyé dans le draps du lit. Un amas de tuyaux entrent et sorte de son corps. Il joue nerveusement avec comme une vielle avec une pelote de laine. Avant la mort il y a la peur de la mort et je la sens dans les tics de son corps allongé. Il a soif mais je suis trop dégoûté pour le faire boire.
Je sais aussi qu’il n’as plus toute sa tête, que le cerveau est mal irrigué ou qu’un lymphome s’y est installé.

Il murmure quelque chose que je ne comprends pas. Je suis surpris par sa force et la précision de son geste lorsqu’il me tire sur la manche pour que mon oreille se colle a sa bouche. Il me demande de retirer les cartes d’état-major qui sont punaiser au mur.
Je me retourne pour voir les lambeaux des différentes tapisseries qui zèbrent les cloisons de la chambre .
Je me dit qu’elles ressemblent plus à des « mues » grotesques d’animaux fantastiques qu’a des cartes de l’armée.

J’attrapes les doigts de mon père pour l’obliger a lâcher ma manche et je sors de la pièce alors qu’il s’énerve dans son lit.


3
Mon père est mort.
Je me suis senti obligé d’embrasser son front lisse avant que les employés de la mairie referment le cercueil pour la crémation.

Je suis dégoûté par se front tendu et brillant.
J’imagine que son corps a séjourné au fond de la mer, au milieu des paquets de méduses et d’autres poissons que nous ne connaissons pas encore.
J’imagine aussi qu’il est tombé, foudroyer par la mort ou plutôt par cet alcoolisme qui l’as hanté toute sa vie, derrière la cabane de jardinier, dans un endroit inaccessible du petit jardin collé à l’étang. J’imagine qu’il est tombé la joue droite dans ce mélange de terre et de sel.

Dans ces deux cas les animaux auraient commencés leur travail d’anthropophage et je n’aurais pas eu, pour des raisons d’hygiène, a embrasser un front noirci par les lombrics ou les krills.

Mon père est mort.
La maison est encore là.
Je l’avais imaginé en tombeau, s’écroulant sur elle même et sur le cadavre de mon père. Mais nous ne sommes pas chez les Usher alors je dois me farcir la vente de cette chose croupie et ténébreuse que j’ai reçu en héritage.

Il faut que je vende pour ne pas à mon tour mourir dans cette bâtisse Victorienne.
Je sais que la tâche sera dure car je ne connais pas grand monde qui veuille acheter ce genre de propriété.

Je décide aussi de ne pas avoir d’enfant.

J’ai bien trop peur qu’ils soient, le jour venu, heureux, ou pire indifférents, à la mort de leur père.


Ceci est une histoire vrai tirée de mes faux souvenirs. Elle est le point de rencontre de plusieurs images qui me hantent en ce moment: l'anniversaire proche de la mort de mon père, la vente longue, pénible et proche du psychodrame d'une propriété familiale, la discussion récente avec un ami don le père est un fou et un peu alcoolisé dans la montagne et un post lu chez Niklas qui lui a vendu la maison de ses parents.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

salope.
tu devrais pas jouer avec les gens comme ça. là-haut ils nous regardent tous.

Anonyme a dit…

je ne peux que mieux te comprendre ...

El ogro a dit…

utilisateur anonyme: ?????????????????????????????????????????????????????????

Anonyme a dit…

Bonjour. C'est toujours compliqué! J'ai encore la maison de ma mère sur les bras avec les frais qui vont avec. Elle est occupé par son mari (qui n'est pas mon père), et je ne peux rien faire. Sinon d'attendre sa bonne volonté ou l'horreur qui ma foi ne serait pas pour moi, c'est clair !