lundi, octobre 30, 2006

L’habitat comme souvenir ( 4/ Cité U)


Les autres textes concernant l'habitat comme souvenir sont: la fausse maison du père, les quatres coins du monde et l'enfance.
Ma première année de fac à Montpellier je l’ai passée la Cité Universitaire de Vert Bois. Huit bâtiments au milieu des arbres dans le nord de la ville. La fac de lettre était aussi bien fournie en arbres et en pelouse….année bucolique. ( sans compter les weekends chez ma tante qui, à l’époque, avait un corps de ferme au pied du Pic Saint Loup).

J’étais dans le bâtiment le plus éloigné de l’entrée de la cité U. Mon numéro de chambre était le E-1-12. J’étais donc au rez-de-chaussée et la fenêtre de ma piaule de 9m² donnait sur une haie qui cachait un terrain vague et poussiéreux qui servait de parking et de lieu d’échanges nocturnes pour créatures foireuse. Ce terrain se terminait sur une route qui menait au zoo et, plus loin, au villages dortoirs qui bordent Montpellier.

Inconvenants de ma chambre en rez-de-chaussée ?
1.J’ai passé un an a me battre contre les grosses punaises vertes qui sautaient de la haie sur mon bureau ou, pire, qui s’empêtraient dans les bouloches de la couverte en laine de mon lit.
2. J’ai passé mon temps à flipper pour les cambriolages.
3. L’hivers je ne pouvais pas utiliser mon rebord de fenêtre comme frigo.

La cité U devait dater du début des années 70 avec son sol de petits carreaux de couleurs sombres et ses encadrements de portes bleu pétrole. Les chiottes et douches collectifs était vieillots mais propre. Nous avions deux plaques chauffantes pour une dizaine de chambres et les petits gredins ayant des appareils électroménagers planqués dans leurs chambres étaient sévèrement punis.
Bref….une vie d’étudiant.

La cité –U c’est un peu la vie en communauté et, n’étant pas très sensible aux étudiants de mon bâtiment, la chambre E-1-12 est vite devenue le carrefour de mes amis des autres bâtiments et de tout les farfelus ou paumés du nord de la ville.
Ainsi j’ai connu un gars, Laurent, à la suite d’une embrouille digne d’un canevas de Commedia Dell’arte. Ce gars (apparemment) me ressemblait et dans la nuit du Parc de la Cité-U son dealer m’as confondu avec lui et je me suis retrouvé avec deux barrettes de shit dans les mains sans avoir rien demandé. Une minute plus tard je croisais un gars se lamentant à la lueur d’un réverbère… il s’appelait Laurent et maudissait son dealer qui s’était volatiliser…. Nous avons traînés ensemble toute l’année.
La cité-U est aussi une tour de Babel ou toutes les langues ( et les corps) se mélangent, un endroit aussi ou j’ai appris les après-midi interminables a faire le tour des bâtiments pour boire des thés aux noms fabuleux chez des amis intellos et peu motivés par la vie d’amphis.

C’est aussi l’endroit ou j’ai reçu le plus de visites de mon grand-père. Il était encore en forme et sa maison de retraite était à quelques minutes à pied. Après sa ballade au Bois de Montmaur il suivait la route sur un kilomètre pour venir s’asseoir sur un banc de pierre au milieu de se parc de cité-u. Il attendait patiemment que je rentre de la fac en relevant les étudiantes. Il n’était pas rare que je le trouve en pleine discutions avec des étudiantes charmées par l’érudition du vieux !
J’ai très peu de souvenirs de ces heures passées avec mon grand-père, de ces heures « neutres », loin de la maison et des schémas familiaux, ou je pouvais me confronter au vieil homme sans me sentir fils de ma mère ou cousin des enfants de mes tantes.
J’ai très peu de souvenirs mais j’ai beaucoup appris de cet homme qui d’habitude était patriarcale, intransigeant, dur et coléreux.

C’est dans cette petite chambre que j’ai couché avec Eurydice. Drôle de nom pour une drôle fille. Elle était gothique, un peu boulotte et assez masculine même si elle portait des sous-vêtements délicats et aux couleurs pastels. Ça m’as beaucoup déstabilisé de découvrir sur cette fille au fond de teint blanc,aux yeux cerclés de noir, fan de The Cure et Cypress Hill, une culotte bon marché d’un rose surnaturelle.
Pendant que je la touchais maladroitement j’étais distrait par une émission de France Inter. Je m’ennuyais ferme. A la fin de notre « gymnastique » elle pleurait mais semblait heureuse. Pour elle s’était la première fois…. Moi je me suis senti un peu comme un escroc, un bonimenteur… Je me suis senti extrêmement mal à l’aise.
Le lendemain je croise une amie qui me dit qu’elle à croiser Eurydice et sa copine. Vu la tête que j’avais elle a rajouter : « ben oui…Eurydice est Lesbienne…Ça te dérange ? »
Etrangeté des situations.

1 commentaire:

Brigetoun a dit…

décidément tu étais voué à rendre service
et les grands pères étaient de sortie aujourd'hui